Point de vue n Samira Negrouche, directrice de la publication et de la traduction à l'Institut supérieur arabe de traduction, nous livre son regard sur la réalité de la traduction. Infosoir : Il y a eu récemment un colloque sur la traduction. Qu'est-ce qui en a motivé la tenue ? Samira Negrouche : L'idée de l'organisation d'un colloque autour de la traduction littéraire vient de l'écrivain algérien Mohamed Magani qui est aussi responsable de la section algérienne de Pen Internationnal. Il a proposé son idée au ministère de la Culture qui a fait de cette idée son projet et y a associé l'Institut supérieur arabe de traduction. Nous y avons finalement travaillé de façon collégiale. Quels sont les objectifs de ce colloque ? Pour répondre à votre question, je dirai simplement que la traduction littéraire est d'un intérêt fondamental dans la chaîne du livre et que ce type de manifestations permet d'optimiser les réseaux et de développer nos horizons éditoriaux et culturels. Il est donc trop tôt pour parler de recommandations, préférons surtout les termes échanges, constructions et projets. Qu'en est-il de la traduction en Algérie ? Sans vouloir spéculer sur des statistiques que je ne connais pas, je dirai que la traduction est à l'image de la création livresque et de l'édition, c'est-à-dire toujours insuffisante et en demande constante d'attention, c'est un constat que nous pouvons faire dans pratiquement tout le monde arabe, à quelques différences près. Cependant, il faut remarquer que deux moments dans l'histoire récente de l'Algérie ont vu une relative floraison de la traduction littéraire : l'année de l'Algérie en France en 2003 ainsi que Alger capitale de la culture arabe en 2007 dont le programme a été prolongé. A noter que même si ces initiatives sont à saluer, il nous faudra encore du temps et de la production de textes traduits pour atteindre les niveaux qualitatifs et quantitatifs qu'on observe dans certains grands pays. Nous avons pris cette voie et tout reste à construire. Est-ce qu'il y a une politique visant à encourager la traduction ? À mon avis, il y a déjà une implication très claire du ministère de la Culture qui a pris en charge la réalisation de ce colloque, c'est un message important pour tous les maillons de la chaîne du livre et de la traduction. De plus, à son discours d'ouverture du colloque, la Ministre de la Culture a annoncé une aide considérable à la production et à la promotion de la traduction littéraire, c'est une initiative à saluer qui nous permet de croire dans les projets à venir et de nous y atteler. A qui incombe le rôle pour soutenir et développer la traduction ? C'est le rôle de tous les acteurs du livre qui font que le livre existe et qu'il est diffusé – [Les éditeurs ont un rôle dans ce domaine-là.] Si, oui, pourquoi ne recourent-ils pas à la traduction ? Avant de poser cette question, il ne faut pas oublier les difficultés qu'ont les éditeurs à publier des livres et à exister ; traduire un livre a un coût très important que les éditeurs peuvent rarement supporter. Le problème qui se pose et qui est fondamental pour l'éditeur et la traduction est celui de la diffusion que ce soit au niveau national qu'international ou même inter-arabe. Je pense que ce sont là des problèmes qui ne peuvent se régler ou s'atténuer qu'à un niveau collectif, nous ne pouvons jeter la pierre à personne, il faut juste continuer à nous rencontrer et à nous associer dans des réseaux professionnels et actifs.