Résumé de la 2e partie John Tilberry est plongé dans la plus terrible perplexité. Il se sent coupable. Il est incapable de le dire, mais cette femme, qui lui tombe du ciel, lui fait peur. John Tilberry en est là dans ses réflexions lorsqu'on sonne à la porte. C'est un cocher en livrée qui, après s'être enquis de son identité, lui remet une lettre en mains propres, et annonce dignement : «J'attends dans la rue la réponse de Monsieur.» Nul besoin d'être Sherlock Holmes pour deviner, à la qualité de la missive et au parfum qui s'en échappe, qui est l'auteur du billet. Rougissant, John remercie le cocher, ouvre l'enveloppe et prend connaissance de la lettre écrite par son «gros lot». Et il se retient de ne pas pousser un cri de joie. Il la relit même une seconde fois, pour être bien sûr de ne pas rêver. Miss Opportune lui écrit que l'homme qu'elle avait choisi et qui s'était marié vient de perdre son épouse, qu'il est désormais libre et veut l'épouser. Elle ajoute que, bien sûr, elle ne reprendra sa parole que si le gagnant l'exige, qu'elle l'épousera s'il le veut, mais que, quelle que soit sa décision, les 10 000 livres lui appartiennent. En un clin d'?il, John Tilberry prend du papier, sa plus belle plume et répond à sa future ex-épouse. Il écrit qu'il regrettera toute sa vie de n'être pas l'époux d'une si charmante personne, que c'est la mort dans l'âme qu'il renonce à ce délicieux privilège, ne se sentant pas le droit d'aller contre les élans irréversibles de son c?ur généreux. Et en post-scriptum, il demande négligemment, en s'excusant, quand et où il pourra retirer les 10 000 livres qui lui permettront de l'oublier. Par retour, John reçoit les indications demandées et les remerciements émus de Miss Opportune. Quelques jours plus tard, maître Pitt, huissier à Leicester, lui remet donc les 10 000 livres promises. Aussitôt, John quitte l'Angleterre et s'installe sur la Riviera. Dieu la belle histoire que voilà ! Des années plus tard, John Tilberry, qui a dilapidé généreusement son capital, se trouve par hasard en présence d'un employé de maître Pitt, huissier de Leicester. Et comme adroitement il aiguille la conversation sur «Miss Opportune», l'homme affecte un sourire entendu et dit d'un ton plein de mystère : «Miss Opportune ? Parlons d'autre chose, voulez-vous...» Il en a trop dit ou pas assez. John Tilberry insiste juste ce qu'il faut pour que l'autre fasse les confidences qu'il brûle d'envie de faire. Et John entend cette chose incroyable. Il n'y a jamais eu de Miss Opportune. La loterie a été pensée et organisée par un escroc génial dont le nom n'a pas été révélé. C'est lui qui, se faisant passer pour le père de la dame, a fait publier les annonces, distribuer les billets, récupérer l'argent et fait tirer le numéro gagnant par maître Pitt. La photo publiée était celle de sa maîtresse. La police, saisie discrètement de l'affaire, estima qu'il avait écoulé près de 100 000 billets. Le pourcentage des revendeurs déduit, l'affaire lui avait rapporté la coquette somme de 40 000 livres, dont il fallait bien sûr déduire les 10 000 livres données honnêtement au gagnant. Restait un bénéfice substantiel que l'habile faussaire dilapidait quelque part sur le continent, la conscience tranquille. Mais l'escroquerie était quasiment honnête puisque le seul qui aurait pu réclamer quelque chose, c'était le gagnant. Or celui-ci ne porta pas plainte. «On s'est toujours demandé pourquoi», conclut le collaborateur de maître Pitt, qui ignorait le nom du gagnant. John resta silencieux. Lui seul savait jusqu'où le génial filou avait poussé le raffinement. Mais dans ces cas-là, on est presque fier d'avoir été la victime comblée d'un tel mystificateur. Presque fier parce qu'un peu vexé quand même.