- 5 000 citoyens de cette ville située près de Djelfa, sont sortis dans la rue, hier, lundi, pour crier leur colère. - Les sièges de l?APC, de la daïra, des impôts et des services des eaux ont été incendiés. Que reste-t-il encore de Birine ? Ce matin la petite ville distante de quelque 136 km du chef-lieu de la wilaya de Djelfa s?est réveillée de son cauchemar, calcinée comptabilisant les pertes et les dégâts. Hier, elle a été le théâtre d?un soulèvement populaire sans précédent dans la région, «improvisé», dès le matin, par quelque 5 000 jeunes, pour la plupart en proie au chômage et prêts, à tout moment, à franchir le Rubicon. Il était 9h quand le vent de la colère a commencé à souffler. La suite n?est que désolation : La recette des P et T, le siège de l?APC et de la daïra, la recette et l?inspection des impôts allaient, en quelques instants seulement, passer sous le rouleau compresseur de la contesta. La note est salée : des milliards de centimes qui partent en fumée. Une fumée similaire à celle dégagée par des centaines de pneus brûlés, jonchant les rues barricadées. A 15h 20, les forces de sécurité ont dû recourir à l?utilisation des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et procéder à des interpellations. Devant la gravité de la situation, le wali de Djelfa s?est déplacé en urgence sur les lieux. Il va vite incriminer les élus locaux : «Vous êtes responsables de cette situation», leur a-t-il dit. A l?adresse des émeutiers, le wali brandit la menace de l?interpellation en indiquant que «les responsables de ces actes de violence et de vandalisme payeront». Les services de l?ordre passent alors immédiatement à l?acte : les interpellations ont commencé, hier, tard dans la nuit, et une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités. Ce matin, jusqu?à 10 heures, rues et ruelles étaient calmes. Mais l?on craint toutefois que ce ne soit qu?un calme précédant une nouvelle tempête. Les émeutiers ont investi les principales artères de la ville alors que policiers et gendarmes étaient sur leur garde. Même si la principale raison de la protestation est l?augmentation du prix du gaz butane, une augmentation décidée en pleine période d'hiver, lorsque la demande est la plus forte sur ce produit et bien évidemment jugée inacceptable par la population, il ne manquait en vérité à celle-ci que cette petite mèche pour crier haut et fort son désarroi. Car le gaz butane n?était en fait que la goutte de trop. En effet, pour cette ville de quelque 30 000 âmes, les problèmes sont innombrables : chômage galopant, corruption, bureaucratie, coupures fréquentes d?électricité?