A Bachedjarah, comme dans la plupart des quartiers populaires d?Alger, les jeunes se cherchent une place au soleil. Manquant cruellement de repères, ils sont vulnérables et sont, pour les moins chanceux d?entre eux, récupérés par divers réseaux de trafic, adoptant la violence comme moyen de s?affirmer et d?exister. «Blondin», «l?Enragé», «Négro», «Samsung»? Ce sont les surnoms donnés aux chefs de bandes dans la ville de Bachedjarah, «une sorte de mots de passe pour désigner les groupes de délinquants les plus méchants ici», dit Nourredine qui habite, depuis longtemps, à Boumaza. En effet, au milieu de la ville de Bachedjarah, des bandes de jeunes hantent les lieux publics et les stations urbaines. Mine angélique ou patibulaire, ces repris de justice, pour la majorité, n?épargnent personne dans cette loi du banditisme. Sous la menace d?un couteau à cran d?arrêt, d?un cutter ou d?un tournevis, et même d?un couteau de boucher, ils n?hésitent pas, selon plusieurs témoignages, à assommer les gardiens de parkings, surtout la nuit, pour s?emparer de voitures ou détrousser leurs propriétaires. Toute opposition entraîne systématiquement une agression violente ou du moins des insultes et des intimidations. Chômage, mal vie? On peut égrener bien d?autres raisons pour expliquer le phénomène, mais pour un sexagénaire, lui- même père de deux délinquants, il est surtout question de «la facilité que trouvent ces repris de justice, périodiquement graciés à l?occasion des fêtes nationales et religieuses et le sentiment qu?ils ont d?être protégés et compris par les autorités, ce qui les encourage à récidiver une fois libérés».