Opinion Il suffit de passer quelques instants dans un café maure à Bachedjarah pour avoir une idée de ce que pense le commun des citoyens algériens. Dès 8 heures, les cafés sont déjà pris d?assaut, on s?attable à deux, à trois, à quatre et parfois à dix. «S?il n?y avait pas les cafés, les vols et les agressions seraient plus nombreux, car le café est un lieu de refuge pour beaucoup de jeunes», dit un garçon de café situé au centre-ville. «Ici les jeunes parlent de tout et de rien. Ces derniers jours, c?est l?affaire des trois enfants retrouvés morts à la Montagne qui défraye la chronique dans les cafés maures», ajoute-t-il. Mais que pensent exactement les gens de Bachedjerah de cette affaire ? «Moi je crois que cette affaire est entourée de beaucoup de mystères, par exemple, la disparition, au lendemain de ce soi-disant accident, du frigo dans lequel ont été trouvés les gamins. Je pense que c?est pour que les parents des gosses ne vérifient pas s?il est suffisamment aéré pour permettre de respirer...», soupçonne un adolescent rencontré au café. Le sujet évoqué a suscité la curiosité d?autres présents qui se sont mis à donner leur version des «Moi, je crois que cet incident a donné une idée aux criminels qui vont faire du kidnapping un véritable crime organisé, pas seulement pour le trafic de organes, mais aussi pour demander des rançons aux familles des enfants riches, surtout avec les nouvelles technologies de communication qui vont leur faciliter la tâche, le pire est à craindre, parce que, chez nous, il suffit que quelqu?un fasse une chose, mais mauvaise, pour que les autres le suivent, l?essentiel c?est de gagner suffisamment et facilement de l?argent...», affirme Slimane, 29 ans, serveur dans une pizzeria et qui a l?habitude de fréquenter ce café. Habib, la trentaine, n?est pas du tout de cet avis : «Je ne pense pas que ce jour arrivera, parce que les Algériens, et par pure crainte de Dieu, ne feront jamais une chose pareille, ils peuvent voler, agresser, violer, mais ils ne seront jamais capables de trafiquer des organes humains ou de demander des rançons ...». La discussion est de plus en plus animée. «Comment oses-tu parler de la crainte de Dieu alors que ces Algériens dont tu parles ont égorgé des bébés de 3 mois ? Tu ne sais rien ou alors tu es un naïf», s?insurge un jeune. Afin que les esprits qui commencent à s?échauffer se calment, ce sujet brûlant est abandonné.