Rareté Il existe aujourd?hui en Algérie quelques cent mille cafés, fréquentés quotidiennement par près de trois millions de personnes. Mais les cafés maures, il n?y en a plus qu?une centaine à travers tout le pays. Aujourd?hui, les cafés maures, aussi rares soient-ils, sont désertés par la nouvelle génération qui ne jure que par les cofee-shop et les salons de thé. Pourtant, la ville d?Alger conserve encore quelques beaux établissements anciens, dans certains lieux historiques, comme La Casbah, la place des Martyrs ou Bab El-Oued. Dans le passé et jusqu'aux années 1970-80, ces cafés étaient implantés partout. «Les vendeurs de café préparé sur braise se faufilaient entre les passants et les rares voitures, portant des plateaux de cuivre à poignées, spécialement conçus pour que les tasses et le liquide ne se renversent pas quelle que soit l?inclinaison», se souvient un sexagénaire rencontré dans le fameux café maure appelé (Malakoff) sis à la Basse Casbah. Dans ce café, d?un style franco-turque, une dizaine de personnes, des adultes sont attablées. L?esprit ailleurs, certainement plongé dans des souvenirs lointains d?une époque où ce lieu était un repère pour toute une population de toutes tendances et de tous horizons. «Ces cafés étaient un symbole de la vie sociale comme les mosquées étaient un repère de la vie religieuse et spirituelle», se souvient Mokrane, un vieux de 85 ans originaire de Azazga, en Kabylie, et qui est venu à La Casbah en 1921. Dans ce lieu, on goûtait le plaisir de la conversation, des jeux, des narguilés parfois, et, par-dessus tout, on savourait le temps qui passe. «Le café était sacré. Il y?avait surtout le fameux café turc qui se servait soit sans sucre, très peu sucré ou très sucré selon les goûts, mais cela n?empêchait pas la rêverie : à peine torréfié et moulu aussi finement que de la farine, le grain donnait une boisson très douce, propice à la sérénité. On la dégustait après avoir bu un verre d?eau», explique Mokrane qui dit être fidèle à ce café depuis plus de 60 ans, «même si beaucoup de choses ont changé. Le fait d?être attablé ici me rappelle beaucoup de choses», dit-il nostalgique.