Résumé de la 1re partie Paul Birault, un petit journaliste parisien, s?ennuie. Il décide alors de monter un canular. Paul Birault se dit : «Tiens, celui-là est modeste...» Mais il en a déjà deux. Et puis, les unes après les autres, arrivent les réponses des députés de la Seine-et-Oise, de l'Indre-et-Loire, de la Creuse. Ce dernier est même ancien ministre ! C'est trop beau ! En tout, neuf lettres d'acceptation ! Avec des variantes : «Je suis heureux de m'associer à l'hommage rendu à cette gloire de la démocratie.» Un autre a même le culot d'ajouter : «J'accepte, d'autant plus volontiers que j'ai bien connu, dans ma jeunesse, ce grand Français, paré de toutes les vertus républicaines !» Comme quoi jeunesse en culotte courte a la mémoire longue. Paul Birault jubile. Et un autre écrit : «Je prendrai volontiers la parole à l'issue du banquet !» Paul Birault se dit : «Mais oui, mon brave, compte là-dessus, tu vas l'avoir ton banquet !» Et comme le courrier ralentit sa cadence, il envoie une lettre de rappel : «Monsieur le député, le comité me charge de vous rappeler le centenaire d'Hégésippe Simon, etc.» Et il ne manque pas d'ajouter : «Nous nous permettons de vous rappeler que beaucoup de vos éminents collègues nous ont déjà répondu», en citant les neuf premiers députés tombés dans le panneau : «MM. Félix Chautemps, Dalimier, René Besnard (ancien ministre), Binet, etc.» Cette fois, tout de même, Paul Birault se dit : «Ils vont finir par se questionner entre eux ! Ça ne peut pas durer, ils vont flairer le canular !» Mais pas du tout. Aucun député n'ose avouer à l'autre qu'il ignorait l'existence d'un précurseur de la démocratie ! La ronde continue si bien que non seulement Paul Birault reçoit une avalanche d'attestations, mais certains députés, vexés d'avoir été oubliés, lui expédient des lettres guindées ! «Monsieur, je m'étonne que vous ne m'ayez pas sollicité pour votre comité d'honneur, etc.» Cette fois, Paul Birault se frotte les mains. Car si les députés ont marché, pourquoi pas les sénateurs ? Mais les sénateurs sont plus méfiants : certains réclament au «comité du centenaire» des précisions : à quelle date est né Hégésippe Simon ? Où est-il né exactement ? Et Paul Birault est bien obligé de donner un état civil à Hégésippe Simon. Pour la date de naissance, aucun problème : il suffit de la fixer au 31 mars 1814. Puisque le centenaire est en janvier 1914. Ce qui laisse deux mois pour bien l'organiser. Mais où peut-il être né, cet Hégésippe Simon ? Là, le problème est plus épineux. Il faudrait trouver un village qui existe vraiment. Au nom amusant ! Par exemple «Andouille», dans la Mayenne ? Mais c'est trop évident. En cherchant bien, Paul Birault découvre l'idéal dans la Nièvre : un village au merveilleux nom de Poil ! Comme un poil ! Le journaliste hésite un peu. Poil, c'est trop beau... Mais justement, il faut que ce soit trop beau. Réponse du «comité» aux sénateurs, toujours sur papier à en-tête : «Monsieur le sénateur, en réponse à votre honorée du..., voici les précisions que vous nous demandez : Hégésippe Simon est né à Poil, dans la Nièvre, le 31 mars 1814.» Cette fois, Paul Birault se dit : «C'est fini, ils vont comprendre le canular.» Mais peu importe, il a déjà des lettres, il a déjà moralement gagné de quoi rire jusqu'à la fin de sa carrière. Et c'est là que de nouvelles adhésions de sénateurs lui arrivent par retour du courrier ! Et non des moindres : Maurice Faure, vice-président du Sénat, Sarren, ancien président du Conseil ! Sans compter les présidents de conseils généraux qui, eux, se bousculent littéralement au portillon du centenaire d'Hégésippe Simon. (à suivre...)