Résumé de la 2e partie Paul Birault reçoit du courrier de personnalités politiques, ce qui l?amuse beaucoup. Mais la lettre la plus magnifique est celle du sénateur du département de la Nièvre, là où se trouve le vrai village de Poil ! Il est tout fier, le brave sénateur, qu'Hégésippe Simon soit né dans sa circonscription. Il voudrait bien être du comité ! Hélas, il est un peu âgé. Alors, de sa plus belle plume, il répond : «A mon vif regret, je prévois qu'il me sera difficile de me trouver à Poil, le 31 mars 1914 ! Signé : comte d'Aunay, sénateur de la Nièvre, ancien ambassadeur.» Paul Birault range cette perle unique dans son dossier, heureux comme un collectionneur devant une pièce rare. Mais voici tout de même, enfin, qu'un sénateur se méfie : Franklin Bouillon cherche dans le grand dictionnaire, où il ne trouve pas d'Hégésippe Simon. Il en parle à un autre, Léon Bourgeois, qui en parIe à l'un des premiers signataires : René Besnard, le député d'Indre-et-Loire. Celui-ci répond : «Mais c'est Paul Meunier qui m'en a parlé !» Paul Meunier était le premier qui était tombé dans le panneau, le député de l'Aube. Et finalement, ces messieurs se rendent enfin compte que personne, député ou sénateur, ne peut dire qui était Hégésippe Simon ! Encore moins ce qu'il aurait fait pour être un précurseur de la démocratie ! Alors, le ministre du Commerce, alerté, ordonne une enquête. Pourquoi le ministre du Commerce ? Bien évidemment parce que ces messieurs les élus, abominablement vexés, veulent faire arrêter l'auteur de ce qu'ils estiment être une escroquerie ! Un policier est envoyé au siège du comité. Il y trouve l'imprimerie de Paul Birault, et pas plus de comité que de beurre en branche. Scandale ! Fureur ! Et tempête... les députés et sénateurs veulent porter plainte ! Mais il n'y a pas du tout d'escroquerie. PauI Birault n'a jamais réclamé d'argent ! Le canular n'est pas, que l'on sache, un crime de lèse-député interdit par la loi. Et ces messieurs les élus, furieux et affolés à l'idée du ridicule qui les guette, se vengent comme ils peuvent. lIs font afficher à l'Assemblée nationale une note informant que le prétendu comité pour le centenaire d'Hégésippe Simon n'est représenté que par un sieur Birault, se disant journaliste, «l'impression générale étant qu'il s'agit d'un pauvre hère en quête de quelque argent !» Ce qui est proprement mesquin de leur part ! Apprenant cela, Paul Birault se dit : «Ah ! C'est comme ça qu'ils le prennent ? Eh bien, je vais leur en faire voir, moi, des pauvres hères !» Et à la première page de L'Eclair, dans les numéros des 22, 23, 24 et 26 janvier 1914, il raconte toute l'affaire du comité du centenaire d'Hégésippe Simon, avec les photographies des députés, des sénateurs, les textes de leurs lettres et les fac-similés de leurs signatures ! Un immense éclat de rire parcourt la France entière, pourtant frigorifiée en cette fin janvier 1914. La France qui ne rira plus du tout six mois plus tard. Et il semble d'ailleurs que Paul Birault soit mort en 1918. Paix à son âme de héros de l'humour ! Il reste qu'un sculpteur, nommé Berger, a eu le temps de créer la statue d'un Hégésippe Simon barbu, en haut-de-forme et jaquette, dont on peut voir la reproduction à la Bibliothèque nationale. Et il reste un petit village, dans la Nièvre, où les élus devraient penser à ériger cette statue. Avec même, pourquoi pas, un petit musée Hégésippe Simon, de quoi faire venir, l'été, quelques touristes à Poil? Puisque, de nos jours, c'est la mode, et que la France n'a pas ri depuis longtemps.