Les quelque 150 000 adeptes du «bookcrossing», originaires de 130 pays, s'efforcent de «libérer» les livres en les oubliant volontairement dans un lieu public (square, train etc.) afin que d'autres lecteurs les récupèrent. «Rien de bien révolutionnaire pour les post-soixante-huitards qui ont pris l'habitude de laisser Libé dans le métro pour le bien de leurs concitoyens», écrit le magazine Biba qui consacre dans son numéro de septembre une enquête à ce phénomène. Il fait allusion à la révolte estudiantine en France en mai 1968, et au journal de gauche Libération. «Sauf que l'Américain Ron Hornbaker, dépositaire du label «bookcrossing», a transposé le concept à l'ère de l'internet, histoire de permettre aux libres-échangeurs de suivre l'itinéraire des bouquins qu'ils libèrent», ajoute-t-il. Ce projet lui est venu en 2001, raconte ce spécialiste d'internet, en voyant le site phototag.org qui fait circuler des appareils photos jetables à travers le monde et suit leurs parcours avant d'en publier les clichés sur le web. Il en conclut que le livre est aussi, grâce à internet, un parfait objet de «traque». Les personnes intéressées se connectent à bookcrossing.com pour enregistrer un livre sous un numéro d'identification unique et imprimer une étiquette à coller en deuxième de couverture. Celle qui trouve l'ouvrage va sur le site et indique où et quand elle l'a découvert et le lieu où elle va le relâcher.