Dispositif Un processus exceptionnel de régularisation d'immigrés clandestins, ouvert potentiellement à plus de 50 000 sans-papiers, commence, ce lundi matin, en Espagne. La mesure a été décidée par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero pour «en finir avec l'emploi illégal, faire affleurer l'économie souterraine et mettre un terme aux coûts sociaux que provoque le travail clandestin». La régularisation est ouverte à ceux qui résident dans le pays depuis six mois et peuvent produire un contrat de travail. Les immigrés doivent donc constituer un dossier comprenant une preuve de leur inscription auprès d'une municipalité espagnole d'avant le 8 août 2004, un casier judiciaire vierge et un contrat de travail de six mois. Les employeurs auront jusqu'au 7 mai pour le présenter à l'administration. Environ 2,6 millions d?étrangers vivent en Espagne sur une population de 43,2 millions d'habitants, selon des données officielles. Plus d'un million seraient clandestins, dont un tiers d?Equatoriens, suivis des Colombiens, des Roumains, des Marocains, des Argentins, des Bulgares et des Ukrainiens. Selon une étude de l'Ecole de commerce (IESE), sur les 17,24 millions de postes de travail existant en Espagne, 850 000 sont occupés par des immigrés, soit 4,9% du total. Les dossiers seront traités par 52 bureaux d'immigration dont le personnel sera augmenté de 130%, renforcé par un contingent de 1 639 employés. «Malheureusement, beaucoup de personnes resteront en dehors du processus», selon une Association de Colombiens (Aesco), qui a chiffré le nombre de bénéficiaires à 500 000, alors que des médias avaient initialement avancé le chiffre de 800 000. Les conditions du gouvernement limitent les possibilités de certains immigrés, notamment ceux venus de pays d'Afrique noire ou en guerre qui ont des difficultés à obtenir une copie de leur casier judiciaire ou n'ont pas de passeport. Des milliers d'immigrés ont entrepris, depuis le début de l'année, une course contre la montre pour obtenir certains documents auprès des consulats de leur pays, passant parfois la nuit à faire la queue. L'opposition redoute un «effet d'appel généralisé» des clandestins d'Europe vers l'Espagne.