"Contexte" Ne pouvant plus assumer ses missions dans la sérénité après la faillite d?El Khalifa Bank, le gouverneur quitte son poste. Selon des sources concordantes, le départ de Mohamed Leksaci de son poste de gouverneur de la Banque d?Algérie serait imminent et interviendrait dans les prochains jours. La démission du premier responsable de la politique monétaire de l?Algérie intervient dans un climat peu serein après la faillite d?El Khalifa Bank. Les prémices d?un scandale à la Bcia Bank pour cause d?émission de lettres de change fictives ne font qu?ajouter de la suspicion autour du secteur bancaire en Algérie, notamment celui privé. Le contexte de la démission de Leksaci, nommé du temps de l?ancien ministre des Finances Mohamed Terbèche, revêt une autre particularité. Elle intervient au lendemain d?un nouveau changement à la tête de ce ministère occupé de nouveau par Abdelatif Benachenhou, dont les objectifs en matière de politique monétaire ne cadreraient plus avec ceux du gouverneur. Pour tenter d?éviter une cacophonie dans ce secteur sensible, Ouyahia compte placer à la tête de la Banque centrale l?un de ses proches : l?ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui. Bien que les compétences de la Banque soient en théorie indépendantes des caprices du pouvoir exécutif, il n?en demeure pas moins que ce dernier cherche toujours des moyens pour influer sur la politique monétaire. D?ailleurs la loi sur la monnaie et le crédit a connu un amendement qui renforce le poids de l?Exécutif qui nomme certains membres du staff de la Banque centrale. Cette initiative a immédiatement suscité l?irritation de l?ancien gouverneur Abdelwahab Keramane qui a déposé sa démission pour se retrouver ministre chargé de la Réforme bancaire. Comme preuve de l?importance des décisions de la Banque sur la sphère économique en général, il suffit de rappeler que cette dernière a révisé à la baisse dernièrement le taux d?escompte pour être suivie presque immédiatement par les banques qui ont baissé à leur tour leur taux d?intérêt. En revanche, il n?est plus question pour le gouvernement de favoriser le recours à la planche à billets comme l?a d?ailleurs clairement rappelé le Chef du gouvernement lors de la présentation de son programme à l?APN. Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, est lui aussi un farouche défenseur de la contraction des dépenses de la nation. Il l?a encore signalé lors de l?adoption de la loi de finances complémentaire en disant que les nouvelles dépenses ne faisaient que creuser davantage le déficit du budget de l?Etat qui n?est guère souhaitable au regard de l?orthodoxie monétaire. Le gouvernement compte aussi poursuivre l?option qui a toujours été la sienne en matière de réserves de change. Avec Leksaci ou Harchaoui, il est hors de question que celles-ci soient utilisées pour financer un quelconque effort de développement, car les besoins de solvabilité de l?Etat sont tels qu?il devient vital à ses yeux de garder une bonne réputation à l?égard de ses créanciers. Au-delà de ces considérations, le successeur de Leksaci aura la lourde tâche de redorer le blason d?une institution qui n?a pas su prévenir à temps le scandale d?El Khalifa Bank.