La question n'est pas «si», mais «quand» ? Tokyo, deuxième capitale économique du monde, risque, à tout moment, d'être frappé par le «Big One», un mégaséisme qui doit survenir d'ici à 30 ans et fera des ravages, selon les experts. Une violente secousse, de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter, a secoué, ce matin, Tokyo et sa région, rappelant aux habitants que la mégapole reste à la merci d'un désastre majeur comme le «grand tremblement de terre du Kantô» (région de Tokyo) du 1er septembre 1923. Ce séisme, de magnitude 7,9, avait fait 142 807 morts et disparus, le bilan le plus lourd de l'histoire du Japon. Depuis, les risques, de même que les dispositifs de prévention, ont évolué. «La région du Kantô est à l'intersection de quatre plaques tectoniques, ce qui la rend très vulnérable aux séismes», explique Susumu Tanaka, fonctionnaire du département de la prévention des désastres naturels de la mairie de Tokyo. Une étude gouvernementale publiée en décembre estime que la probabilité d'une secousse de force 7 ou plus à Tokyo d'ici à 30 ans est de 70%. Un séisme de force 6,9 frappant l'agglomération de Tokyo, qui compte 12,5 millions d?habitants, pourrait faire 13 000 morts et détruire plus de 800 000 maisons et immeubles. «On peut estimer à deux fois plus, au minimum, le nombre de victimes», prévient Akira Ishiguro, auteur du roman L'Archipel aux catastrophes sismiques. «Ainsi, les 13 000 morts ne prennent pas en compte les victimes dans les transports», note M. Ishiguro, ajoutant que le rapport gouvernemental ne concerne que les premières 24 heures. Tokyo encourt des risques divers selon la concentration des maisons en bois, l'étroitesse des rues, la hauteur des immeubles, les installations de gaz ou les réseaux de transports, dangers évalués par les ordinateurs de la mairie, qui disposent de trois jours d'autonomie pour gérer la crise.