Manifestation Plus de 100 000 Libanais ont manifesté, hier, à Beyrouth, contre la tutelle syrienne, accentuant davantage la pression sur le gouvernement prosyrien et Damas. Ils ont été appuyés dans leur exigence par les présidents américain George W. Bush et français Jacques Chirac qui ont réclamé de Bruxelles une application de la résolution 1559 appelant au retrait militaire syrien, la fin de l'ingérence de Damas et le désarmement des milices comme le Hezbollah. «Nous appelons à la mise en ?uvre complète et immédiate de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU dans tous ses aspects, y compris son appel à un Liban souverain, indépendant et démocratique», ont-ils déclaré dans un communiqué. La manifestation de Beyrouth s'est déroulée à l'appel de l'opposition qui, portée par une vague de mobilisation populaire sans précédent au Liban contre la présence syrienne, a renforcé sa campagne pour le retrait de ses 14 000 soldats. Rassemblés au début sur les lieux de l'attentat spectaculaire au c?ur de Beyrouth qui a tué Hariri le 14 février, les manifestants ont observé une minute de silence à 12h 55, l'heure exacte de l'attentat. La circulation et l'activité se sont totalement arrêtées pendant cinq minutes à Beyrouth et dans plusieurs autres régions de ce pays d'environ 4,5 millions d'habitants. La foule s'est ensuite rendue sur le lieu d'inhumation de Hariri, la place des Martyrs dans le centre-ville, en passant par le siège de l'ONU où une délégation a remis une pétition appelant à une enquête de l'ONU sur l'attaque qui a aussi tué 17 personnes et fait 220 blessés. Là, plus de 100 000 personnes se sont rassemblées en réponse à l'appel de plusieurs organisations politiques d'étudiants appartenant à l'opposition pour un «soulèvement populaire pacifique pour l'indépendance du Liban». «La Syrie dehors ! Ecoute, écoute Bachar (le président syrien Bachar al-Assad), nous ne voulons pas de République sous la botte syrienne», a scandé une foule en colère. Sur une immense pancarte on pouvait lire en français : «Kamal, Bachir, René, Hassan et Rafic : ça suffit !» Une liste de noms de dirigeants libanais dont l'assassinat est généralement imputé aux renseignements syriens : le leader Kamal Joumblatt (1977), le président élu Bachir Gemayel (1982), le président René Moawad (1989), le mufti de la République Hassan Khaled (1989). La manifestation s'est déroulée dans le calme, sous l'?il de l'armée et de la police libanaises déployées en force. Entre-temps, un accord est intervenu pour suspendre la discussion sur la loi électorale et le président prosyrien du Parlement Nabih Berri a fixé, au 28 février, la date de la séance plénière de l'Assemblée consacrée, à l'appel de l'opposition, au débat sur l'assassinat de Rafic Hariri.