Quelque 14.000 soldats syriens sont toujours stationnés au Liban. «Le Haut conseil syro-libanais a décidé du redéploiement des forces syriennes jusqu'à la Békaâ (...) avant la fin mars 2005», indique le texte, publié après la réunion des présidents libanais Emile Lahoud et Bachar Al-Assad. Avec ce retrait, serait-ce donc le début de la fin des pressions américaines sur Damas? Tout porte à le croire, d'autant plus que l'ouverture des autorités syriennes au dialogue a facilité quelque peu leur tâche, face aux incessantes convoitises occidentales. La décision de repli, prise, hier à l'issue de la réunion du Haut conseil syro-libanais, présidée par les chefs d'Etat libanais et syrien, ouvre une nouvelle phase dans les relations entre les deux pays. Cela même si une grande partie du peuple libanais s'oppose au retrait total des forces syriennes du Liban. Le Hezbollah pour qui le départ de l'armée syrienne signifie la perte d'un allié précieux dans sa lutte contre Israël, a organisé, hier un rassemblement en plein centre de Beyrouth, pour dénoncer les pressions américaines et décrier le retrait de la Syrie. Rappelons que quelque 14.000 soldats syriens sont toujours stationnés au Liban. Le repli annoncé, prélude possible à un retrait syrien exigé par les pays occidentaux et l'opposition libanaise, concerne entre 4000 et 5000 soldats stationnés à l'ouest du Mont-Liban, le reste étant déjà déployé dans la Békaâ. Selon le texte, «le Haut conseil a chargé le comité militaire mixte de mettre au point un accord dans un délai n'excédant pas un mois à partir du redéploiement des forces syriennes vers la Békaâ. Aux termes de cet accord seront fixés le nombre des effectifs syriens et la durée de leur maintien dans les secteurs précédemment cités». L'accord précisera également «les rapports entre ces forces et les autorités libanaises». Toujours selon le texte, «les gouvernements des deux pays décideront de la poursuite du redéploiement des forces syriennes restantes». Comme premier signe de ce repli, les forces syriennes ont commencé, hier à démanteler des positions dans la montagne libanaise près de Beyrouth, en vue de leur repli vers la plaine de la Békaâ. Des soldats syriens postés à Dahr Al-Wahch, à une dizaine de kilomètres à l'est de Beyrouth, ont été vus en train de vider les bâtiments qu'ils occupent dans ce secteur et de charger des matelas et des meubles dans des camions. Des tentes ont également été démontées, ont ajouté les mêmes sources. La décision du Haut conseil libano-syrien a été différemment appréciée par les capitales occidentales. Alors que les Etats-Unis ont manifesté leur volonté de ne pas relâcher la pression sur la Syrie, jugeant que le discours du président Assad samedi ne contenait que des «demi-mesures», l'Allemagne et la France ont demandé, hier à la Syrie de retirer «intégralement ses troupes et ses services du Liban dans les meilleurs délais», lors d'une rencontre du chancelier Gerhard Schröder et du président Jacques Chirac en Allemagne. Des observateurs occidentaux à Damas font remarquer à cet égard que s'il est possible de contrôler un retrait militaire du Liban, il sera par contre beaucoup plus difficile, voire impossible, de contrôler le retrait des services de renseignement. De son côté, l'opposition libanaise continue de se mobiliser, maintenant la pression sur le gouvernement. Hier, près de 150.000 Libanais, selon un officier de police, ont manifesté à Beyrouth, à l'appel de l'opposition, en partant de la place des Martyrs jusqu'au site de l'attentat sur le Front de mer pour réclamer la vérité à l'occasion du 21e jour de l'assassinat de Rafic Hariri. Les organisateurs avancent pour leur part le chiffre de 200.000 à 250.000 manifestants. «Il s'agit de la plus forte mobilisation depuis les funérailles» de l'ex-Premier ministre libanais le 16 février auxquelles avaient participé plusieurs centaines de milliers de personnes.