Phénomène Entre 18 et 21 heures, de petits marchés se forment près des marchés communaux de la capitale, où se côtoient chômeurs et fonctionnaires aux salaire modestes. Souk ellil, comme on les appelle, sont légion depuis quelques jours. Il s?agit de marchés parallèles improvisés près des sites des marchés communaux, animés essentiellement par des chômeurs et des fonctionnaires aux salaires modestes. Le téléphone portable et ses accessoires sont les principaux produits qu?on écoule dans ces espaces. Ainsi, en quittant leurs lieux de travail, certains fonctionnaires s?orientent vers ces petits marchés pour, soit acquérir un portable bon marché, soit arrondir leurs fins de mois. Fonctionnaires le matin, ils deviennent vendeurs à la sauvette le soir. Une vocation dont ils se seraient bien passés si leurs rémunérations le leur permettaient. C?est le cas de Salim, 29 ans, habitant la rue Abderrahmane-Mira de Bab El-Oued. Marié et père d?un enfant, il s?est rendu compte que son salaire d?employé dans une imprimerie privée ne lui permettait plus de subvenir à ses besoins et à ceux de sa petite famille. Vivant chez ses parents, il est obligé de contribuer aux dépenses quotidiennes. «Mes poches sont vides dès la fin de la deuxième semaine du mois», dit-il. La d?lala devient sa planche de salut, mais ses huit heures de travail ne lui permettent pas de traîner dans les marchés parallèles ; c?est le soir seulement qu?il peut exercer son nouveau métier. Fatigué par une journée de dur labeur, il doit prendre son mal en patience le temps de rentabiliser sa journée. Comme lui, nombreux sont les pères de famille qui s?adonnent à ce commerce avant de rentrer, exténués, chez eux. De jour en jour, l?affluence des clients augmente à mesure que ces marchés gagnent en réputation. Toutefois, il faut s?en méfier parce que, situés dans des endroits mal éclairés, le client ne peut vérifier la qualité du produit qu?il achète. Ce qui a permis à une catégorie de gens d?émerger à souk ellil ; il s?agit d?intermédiaires. Ni acheteurs ni vendeurs, ils se contentent de donner leur avis sur la marchandise puisqu?ils connaissent pratiquement tous les vendeurs du lieu. En contrepartie, ils acceptent un petit pécule. Travaillant essentiellement pour des copains de quartier, ils se contentent parfois d?un café ou d?une limonade, mais seulement la première fois. Ensuite, le copain de quartier payera cash. Hiérarchisés et fonctionnant au quart de tour, ces marchés connaissent des arrêts lorsque les conditions climatiques sont extrêmes ou lors d?une descente de police qui se fait de plus en plus insistante.