Résumé de la 2e partie Les enquêteurs ont la conviction que l'assassin est de la ville ; il connaît parfaitement les lieux où il a opéré. Le nombre de suspects se trouve donc relativement limité et les déclarations d'un adolescent à l'un de ses parents, qui se trouve être policier, retiennent l'attention. Il raconte que l'un de ses camarades, qui habite son quartier, Benoît, dix-sept ans, lui semble bizarre et même inquiétant. L'enquête menée à son sujet confirme immédiatement cette impression. Benoît, enfant particulièrement difficile, est suivi par le juge pour enfants. Il a tenté d'empoisonner ses camarades, à l'école, il y a quelques années. Plus récemment, il a été renvoyé de son lycée pour avoir jeté un pétard dans un ordinateur. Dans son quartier, ses voisins révèlent qu'on voit souvent des flammes dans sa chambre, au milieu de la nuit. Une perquisition est effectuée dans le pavillon où il habite, chez ses parents. Dans sa chambre, on trouve, effectivement, un laboratoire de chimie et de quoi fabriquer des balles de 7,65... Benoît, un garçon malingre et de petite taille, a été, lui-même, victime, deux ans plus tôt, d'un terrible accident de la route, et il en est resté défiguré. Devant les policiers, il ne tarde pas à passer aux aveux. Il indique l'endroit où il cache son arme, près d'une ferme des environs. Mais, dans un premier temps, il refuse obstinément de dire comment il s'est procuré un pistolet 7,65, arme qui n'est pas en vente libre. Les enquêteurs apprennent aussi qu'il vient de perdre son grand-père, qui l'a élevé. Il est retourné vivre chez ses parents, avec lesquels il ne s'entend pas. D'ailleurs, il s'enferme la nuit dans sa chambre et ils n'ont pas le droit d'y entrer. Dans son quartier, les jeunes de son âge confirment que c'était le mal-aimé de tous. «Il aimait se faire détester, dit un garçon. Il avait la rancune tenace, maladive même. Pour lui, la moindre remarque devenait une insulte.» Et une jeune fille ajoute : «Il faut dire que nous n'avons rien fait pour arranger les choses. Physiquement, il était très différent de nous. Même les filles étaient plus grandes que lui.» Tandis que la ville respire, qu'on recommence à sortir le soir et que les cafetiers, dont le chiffre d'affaires chutait vertigineusement, voient disparaître le spectre de la faillite, l'interrogatoire du jeune Benoît se poursuit et ce qu'il dit, même s'il y entre peut-être une part d'affabulation, fait froid dans le dos. Selon lui, il cherchait à se procurer un fusil à lunette afin de faire d'autres victimes, dont son père et sa mère. Interrogé sur la raison pour laquelle il voulait tuer ces derniers, il répond qu'il n'y en a pas. Il donne surtout d'effrayantes précisions sur ses agressions. Ainsi, pour la première d'entre elles, contre Camille. On s'était étonné que la jeune femme ait pu se traîner jusqu'à un bar où elle fut secourue. Ce n'est nullement par magnanimité qu'il lui a laissé la vie sauve. Il voulait l'achever, mais son arme s'est enrayée. En revanche, il n'a laissé aucune chance au jeune Eric. Il l'a suivi jusqu'à un endroit isolé, où il l'a abattu presque à bout portant. La troisième agression, contre Jeanne et sa fille, est le fait du hasard. Il s'était posté devant un bar voisin et avait décidé d'abattre la première personne qui sortirait. Au bout d'un moment, ne voyant personne, son regard a été attiré par la lumière qui provenait du pavillon de Jeanne, et il a décidé de s'y rendre. Il ne savait pas que c'était là qu'on avait tourné la dernière scène de C'est arrivé près de chez vous. C'est une pure coïncidence. Il n'avait pas vu le film. Il se décide enfin à révéler de quelle manière il s'est procuré l'arme. Il l'a volée en France, à Nevers, où il s'était rendu en vacances, l'été précédent, avec ses parents. Sa famille étant descendue à l'hôtel, il a dérobé une clé à la réception et a fouillé une chambre. C'est dans les bagages qu'il a trouvé le pistolet 7,65... Benoît est mis à la disposition du juge pour mineurs, qui prend une mesure provisoire de placement. Mais, selon la loi belge, étant donné qu'il a plus de seize ans et compte tenu de la gravité des faits, ce dernier pourrait se dessaisir. Dans ce cas, l'adolescent serait soit envoyé aux assises, soit déclaré irresponsable et interné. Et c'est alors, une semaine après son arrestation, que Benoît fait sa révélation la plus terrifiante. Il dévoile le mobile de ses agressions apparemment gratuites : «Tout ça, c'était pour qu'on ne me soupçonne pas quand j'aurais tué mes parents.» Tout viendrait donc de son projet de tuer ses parents. Il n'aurait blessé et tué trois personnes que pour faire croire que son double parricide, quand il le commettrait, serait l'?uvre du tireur fou !... Affabulation d'un cerveau malade ou plan monstrueux comme il en existe peu ? Il est impossible de le dire pour l'instant, dans l'attente du résultat des expertises psychiatriques. Mais quoi qu'il en soit, une chose est certaine : ce Fantômas n'est pas un criminel comme les autres.