Stratégie Les chrétiens se sentent marginalisés. Ils font pression sur Moubarak, avec l'aide de Washington. Une journée de congé pour tous les Egyptiens. Chrétiens et musulmans ont fêté ensemble le Noël orthodoxe pour la deuxième fois depuis la décision du président Hosni Moubarak de faire du 7 janvier un jour de fête nationale. Cette initiative avait fait grincer des dents chez les islamistes. Les coptes ? environ 10% de la population, dont 90% d'orthodoxes ? y avaient vu, pour leur part, un début de reconnaissance de leur place dans la société égyptienne. Un an plus tard, la polémique est retombée, mais les espoirs des coptes de voir leurs revendications prises en compte ne se sont pas davantage concrétisés. Le pouvoir égyptien s'est, en effet, contenté pour l'instant de gestes symboliques à l'égard de l'église copte orthodoxe, comme la diffusion des messes de Noël et de Pâques par la télévision d'Etat. Les revendications des chrétiens d'Egypte sont plus larges, car beaucoup se sentent marginalisés, notamment dans le domaine politique. Il n'y a, par exemple, que trois coptes sur les 444 députés du Parlement. Si Chenouda III, le patriarche copte orthodoxe, reste traditionnellement en retrait au nom de l'«unité nationale», la diaspora est très critique et très active. C'est le cas en Australie et, surtout, aux Etats-Unis, où les lobbys font pression sur les autorités lors de chaque incident interconfessionnel. La question empoisonne les relations entre Le Caire et Washington, en particulier depuis l'élection de George W. Bush, très influencé par les idées des reborn christians et autres courants hostiles à l'islam. Hosni Moubarak n'a d'ailleurs été invité qu'une fois aux Etats-Unis depuis quatre ans ; c'était en avril 2001, alors qu'un verdict «clément» venait d'être rendu à l'égard des auteurs du massacre de 20 coptes dans le village d'Al-Kosheh, dans le sud du pays. Le raïs égyptien avait été accueilli à Washington par une «marche pour la justice en faveur des chrétiens persécutés d'Egypte». Les Etats-Unis menacent, depuis, de placer l'Egypte sur la liste des pays coupables de discrimination religieuse. Hosni Moubarak prend la question très au sérieux, d'où ses gestes récents. Lesquels viennent d'être reconnus par le département d'Etat américain qui saluait, dans un rapport publié récemment, une «amélioration du respect des libertés religieuses en Egypte».