La télévision, comme on l?a souvent écrit, est une invention extraordinaire : bravant le temps et l?espace, elle relie des millions d?hommes dans le monde, transmet les événements au moment où ils se déroulent ou alors, ressuscite le passé. La télévision instruit, divertit, amuse? On dit aussi beaucoup de mal d?elle : elle abêtit, pousse à la violence et pervertit, elle favorise la culture de masse, au détriment de la «la vraie» culture. Mais qu?importent les défauts : en Algérie, dès les premiers temps de son introduction, on a crié au miracle : sanduq la?âdjayeb, (la boîte aux merveilles), sorte de caverne d?Ali Baba, brillant de mille feux et, surtout donnant l?illusion du vrai. On rapporte qu?autrefois, les gens, qui regardaient la télévision pour la première fois, s?éloignaient, croyant que les personnages qui étaient à l?écran, allaient sortir ! On croyait qu?ils étaient emprisonnés dans la boîte ! Aujourd?hui, on n?a plus de telles réactions, mais la télévision est demeurée cette boîte à merveilles, qui émerveille toujours ! La langue, elle, a adopté, depuis longtemps son nom, télévision, sous la forme tilivizyu, plus conforme à la phonétique de l?arabe dialectal et du berbère. La télévision, elle-même, a tenté une autre prononciation, tilfaz, mais celle-ci n?a pas eu de succès. Le mot tilivizyu nous vient du français, mais c?est un terme, aujourd?hui, universel. De plus en plus de gens abrègent le mot, disant la tili : en Kabylie le mot latili est même en voie de remplacer tilivizyu. On a emprunté également au français tout un vocabulaire en rapport avec la télévision : lanten, (antenne), likran, (écran), lkabl, (câble), etc.