Résumé de la 21e partie Morgiane dit à Ali Baba : «Seigneur, comme je fus près du vase, il en sortit une voix qui me demanda : «Est-il temps ?» Je ne m'effrayai pas ; mais comprenant la malice du faux marchand je répondis : «Pas encore, mais bientôt.» En achevant, Morgiane ajouta : «Voilà quelle est l'histoire que vous m'avez demandée et je suis convaincue que c'est la suite d'une observation que j'avais faite depuis deux ou trois jours dont je n'avais pas cru devoir vous entretenir, qui est qu'une fois en revenant de la ville de bon matin, j'aperçus que la porte de la rue était marquée de blanc, et le jour d'après de rouge, après la marque blanche, et que chaque fois, sans savoir à quel dessein cela pouvait avoir été fait, j'avais marqué de même, et au même endroit, deux ou trois portes de nos voisins, au-dessus et au-dessous. Si vous joignez cela avec ce qui vient d'arriver, vous trouverez que le tout a été machiné par les voleurs de la forêt, dont je ne sais pourquoi la troupe est diminuée de deux. Quoi qu'il en soit, la voilà réduite à trois au plus. Cela fait voir qu'ils avaient juré votre perte, et qu'il est bon que vous vous teniez sur vos gardes, tant qu'il sera certain qu'il en restera quelqu'un au monde. Quant à moi, je n?oublierai rien pour veiller à votre conservation, comme j?y suis obligée». Quand Morgiane eut achevé, Ali Baba, pénétré de la grande obligation qu'il lui avait, lui dit : «Je ne mourrai pas que je ne t?aie récompensée comme tu le mérites. Je te dois la vie ; et pour commencer à t'en donner une marque de reconnaissance, je te donne la liberté dès à présent, en attendant que j'y mette le comble de la manière que je me le propose. Je suis persuadé avec toi que les quarante voleurs m'ont dressé ces embûches. Dieu m'a délivré par ton moyen. J'espère qu'il continuera de me préserver de leur méchanceté, et qu'en achevant de la détourner de dessus ma tête, il délivrera le monde de leur persécution et de leur engeance maudite. Ce que nous avons à faire, c?est d?enterrer incessamment les corps de cette peste du genre humain, avec un si grand secret, que personne ne puisse rien soupçonner de leur destinée ; et c'est à quoi je vais travailler avec Abdalla.» Le jardin d'Ali Baba était d'une grande longueur, terminé par de grands arbres. Sans différer, il aIla sous ces arbres avec son escIave, creuser une fosse longue et large à proportion des corps qu'ils avaient à y enterrer. Le terrain était aisé à remuer, et ils ne mirent pas un long temps à l'achever. lIs tirèrent les corps hors des vases, et ils mirent à part les armes dont les voleurs s'étaient munis. lIs transportèrent ces corps au bout du jardin, et ils les arrangèrent dans la fosse ; et après les avoir couverts de la terre qu'ils en avaient tirée, ils dispersèrent ce qui en restait aux environs, de manière que le terrain parut égal comme auparavant. Ali Baba fit cacher soigneusement les vases à l'huile et les armes ; et quant aux mulets, dont il n'avait pas besoin pour lors, il les envoya au marché à différentes fois, où il les fit vendre par son escIave. (à suivre...)