Tournée Qu?ils soient scientifiques ou empiriques, ils font tous ce métier : entraîneur de football. Une profession de plus en plus précaire, instable et qui l?est encore plus chez nous. Démissions, limogeages, séparations à l?amiable? tous les termes sont bons pour qualifier la valse des entraîneurs d?un club à un autre. Leur arrivée est annoncée comme celle d?un messie et leur départ se fait souvent dans la douleur ou dans l?indifférence la plus totale. Un métier excitant, passionnant, mais dont le revers de la médaille est impitoyable, stressant, voire fatal dans certains cas. Mais chose curieuse chez nous c?est que nos entraîneurs changent de clubs comme ils changent de chemises. Ce phénomène prend une ampleur de plus en plus inquiétante qui ne peut avoir que des conséquences négatives sur le niveau de la discipline et le travail en profondeur souvent nécessaire dans les équipes. Ce qui est en tous les cas certain, c?est que la stabilité d?un football passe par la stabilité des staffs techniques. Et si certains techniciens ont du mal à s?accommoder de cette danse de derviches tourneurs à laquelle ils sont conviés, même si cela s?appelle les risques du métier, d?autres, en revanche, ont l?air de s?y plaire. Un petit coup par-ci, un petit coup par-là, on amasse un petit magot et on disparaît. On se fait un peu oublier, le temps de lancer quelques affaires fructueuses, avant de réapparaître pour une nouvelle tournée des popotes. Il y a deux saisons, un entraîneur, venu de l?ouest pour révolutionner en douceur un grand club de l?Algérois, avait fait sensation en réussissant à s?enrichir en passant quatre mois dans deux clubs avant de repartir dans un troisième pour terminer la saison. Toutes les tentatives de la FAF pour doter cette corporation d?un statut, ou de limiter les changements par club, n?ont jamais abouti. Pourquoi ? Parce que tout simplement, les concernés eux-mêmes n?en veulent pas, comme l?indique une enquête menée il y a une année auprès des entraîneurs algériens. Et c?est le football qui en pâtit.