Résumé de la 1re partie Le 14 janvier 1992 la cour d?assises française ouvre les débats sur une des plus mystérieuses affaires de meurtre. C'est tout ce qu'on pourra découvrir contre Raoul. Lui-même, loin de faire le moindre aveu, se défend avec une farouche obstination. Si longtemps après les faits, il affirme ne se souvenir de rien, et l'une des phrases qui revient le plus souvent dans sa bouche est : «Je ne sais pas.» Cela ne l'empêche pas d'être maintenu en prison. Alors, il n'en peut plus. La destruction d'une partie de sa maison, qu'il avait construite de ses mains et qui était la seule passion de sa vie l'a terriblement affecté. Il tente de se suicider en s'ouvrant les veines avec une petite cuillère aiguisée contre les murs de sa cellule. Puis, en juillet 1989, il entame une grève de la faim qui dure trois semaines et qui aboutit à sa libération sous contrôle judiciaire. Tel est l'homme qui se trouve dans le box, face aux jurés. Et c'est de lui qu'il va être question dès le début des débats. Quel est ce marginal, visiblement habitué à la solitude, et tendu à l'extrême au milieu de tout ce monde ? Après avoir répondu de manière presque inaudible aux questions du président, Raoul retrouve toute son assurance dès qu'on aborde le thème de l'homosexualité. ? Je ne peux pas avaler qu'on me traite d'homosexuel, s'insurge-t-il. J'ai toujours eu un comportement réservé avec les femmes comme avec les enfants. Et même, j'aurais voulu me marier, mais c'était impossible dans un milieu d'hommes dont il ne fallait pas déranger les habitudes. Sa mère étant décédée peu après sa naissance, Raoul a, en effet, été élevé par son père et son oncle. D'ailleurs, ceux-ci étant décédés récemment, il s'est mis en ménage avec une femme, Mireille H. Le président l'appelle à la barre : ? Sur le plan sexuel, affirme-t-elle, il n'y a rien à dire. C'est un homme normal. Elle est suivie des habitants de C. qui, après avoir chargé Raoul au début de l'enquête, font, à présent, corps avec lui. Ils s'attachent, eux aussi, à récuser les accusations d'homosexualité. Voici ce que dit, par exemple, un collègue de travail : ? Il ne draguait pas, mais il aimait les filles. Franchement, de ce côté-là, il n'y a rien à lui reprocher. Dans ces conditions, le témoignage des psychiatres est très attendu. Et il va exactement dans le même sens, à la grande satisfaction de la défense. Le docteur P. est net : ? On peut relever chez le sujet une certaine immaturité affective, une impulsivité n'ayant aucun caractère pathologique, et fréquente dans le milieu où il travaille, mais aucun comportement pervers... L'audience du lendemain, 15 janvier, est consacrée à l'audition des enquêteurs. Tout se passe sans incident jusqu'à ce que l'adjudant de gendarmerie, qui a repris l'enquête en 1988, vienne à la barre. Je n'ai négligé aucune hypothèse, dit-il. Elles ont toutes été examinées et écartées, sauf une, celle de Raoul M., car son alibi était contredit par deux témoins qui avaient vu sa voiture aux environs. Je suis donc allé interroger Luc N., celui qui avait confirmé son alibi. Il m'a dit : «Cela fait quatre ans et demi que je mens. En fait, je ne jouais pas aux boules à cette heure-là avec Raoul M.» Et le gendarme s'exclame soudain : ? Je m'étonne que Luc N. ne soit pas dans le box aux côtés de Raoul M. ! On peut se poser des questions au niveau de sa complicité. Les avocats de la défense sautent évidemment sur l'occasion, et demandent le renvoi du procès pour supplément d'enquête. Le président répond qu'il statuera à la prochaine audience... Il fait savoir le lendemain que le procès doit continuer. Il va même se poursuivre sans attendre par un transport de justice sur les lieux du drame. Le président espère sans doute que le fait de visualiser l'endroit de la disparition apportera quelque lumière dans cette affaire bien ténébreuse. (à suivre...)