Humiliations «Stop, avance, soulève ta chemise, montre ta carte d'identité.» Soumis au bon vouloir des soldats israéliens, les musulmans qui veulent prier au Caveau des Patriarches à Hébron sont soumis à une véritable course d'obstacles parfois cauchemardesque. Lieu saint vénéré par les musulmans et les juifs, le caveau des Patriarches, mosquée d'Abraham pour les Palestiniens, est un haut lieu de tension au c?ur de Hébron. Portiques électroniques, caméras de surveillance, barbelés et positions fortifiées : le périmètre du Caveau rappelle plus un camp militaire qu'un lieu saint. Le caveau est divisé en deux parties, une pour les fidèles musulmans et une autre pour les juifs, depuis le massacre de 29 fidèles palestiniens dans une salle de prières par un colon juif extrémiste le 25 février 1994. Avant cette tuerie, les musulmans avaient accès à tout l'édifice. Quelque 500 colons, vivent sous forte protection militaire à Hébron au c?ur de plus de 150 000 Palestiniens. Pour accéder au Caveau, les fidèles musulmans sont soumis à une fouille corporelle et à un contrôle d'identité. «C'est de l'humiliation. Ils veulent que plus personne ne prie ici», s'insurge Fahd Nasseredine, 62 ans. M. Nasseredine habite dans un quartier jouxtant le Caveau. «Par le passé il me fallait cinq minutes pour arriver dans la mosquée, alors qu'aujourd'hui il me faut plus d'une demi-heure», assure-t-il. Rendant la situation encore plus compliquée, la plupart des rues menant au Caveau ont été fermées par l'armée. Ces restrictions ont entraîné une baisse drastique du nombre de fidèles palestiniens qui se rendent au Caveau pour prier. De plus, l'armée, à la demande des colons, interdit souvent aux musulmans d'utiliser des haut-parleurs pour l'appel à la prière. «Cela dépend de l'humeur des colons. L'utilisation des haut-parleurs est interdite durant le shabbat et les jours de fêtes juives ainsi que pour les prières du soir», affirme M. Hijazi. Les habitants des quartiers jouxtant le Caveau se plaignent aussi d'exactions de l'armée israélienne. Ainsi, l'armée a viré la semaine dernière deux familles palestiniennes et pris le contrôle de leurs maisons donnant sur le Caveau pendant la célébration de la fête juive de Pourim (carnaval). «Les colons sont venus dans la maison pour féliciter les soldats à l'occasion de Pourim», affirme le propriétaire d'une des maisons, Abdelhamid Al-Jaabari. «Je les ai vus danser dans ma propre maison alors que ma famille et moi avons dû dormir chez des voisins», confie-t-il amèrement.