Miroir Ignacio Gomez de Liano, universitaire, dépiste un ensemble de transfigurations de la personne de Miguel Cervantès dans son roman. La première transfiguration est celle où Miguel Cervantès a dû se voir lui-même comme l?incarnation de Don Quichotte ayant pour mission ? et pour devoir ? de servir les hommes et la société. «Ce serait étrange s?il n?en fut pas ainsi», écrit-il. Ignacio Gomez de Liano précise que «les années où Miguel Cervantès a commencé à créer son récit, il devait mener une existence qui lui aurait permis de se voir comme un type de chevalier qui parcourt le territoire de long en large, chargé des plus hautes missions (?)» Par ailleurs, Miguel Cervantès, aussi bien dans sa vie professionnelle que dans ses distractions et lectures, a dû (certainement) se voir souvent transformer en chevalier errant. Ensuite, vient la seconde transfiguration, à savoir «la mélancolie des temps», c?est-à-dire «la mutation qui expérimente l?humeur générale de la Castille durant les années où Miguel Cervantès écrivait «Don Quichotte, car, des joies aux glorieuses et courageuses illusions qu?avaient alimentées Cervantès et tant d?autres, il est passé d?un état de déception et d?abattement auquel il essayé de remédier avec une humeur sage (?)». Et d?écrire aussi : «Don Quichotte a servi ainsi à transfigurer, grâce à une fiction dans laquelle sont mêlés l?humour, la critique acerbe et le mensonge, les frustrations et les aspirations du pays, de l?époque et de Cervantès en personne, et même de l?Humanité entière (?)». Enfin, Ignacio Gomez de Liano envisage une troisième transfiguration : «le miroir et le lieu». Don Quichotte est un roman, donc un genre littéraire. Ce roman se révèle, comme l?a bien décrit Stendhal, écrivain français du XIXe siècle, «le miroir habité par des présences fantomatiques». Iganacio Gomez de Liano écrit aussi : «Don Quichotte est un livre-miroir dans plusieurs sens, parce que l?auteur se sert de ce miroir pour y refléter la société de son époque (?). Deuxièmement, parce que dans ce miroir se regardent les personnages qui défilent dans les livres de chevalerie dont Cervantès était si friand. Troisièmement, c?est un miroir car l?hidalgo en personne de la Manche représente le vrai chevalier qui, animé d?une rare alchimie, transforme tout cela en chevaleries errantes (?).» Don Quichotte est «un miroir dans lequel peuvent se reconnaître tous les chevaliers errants qui ont existé, sûr que, en regardant Don Quichotte, ils se verront, étant ou n?étant pas eux-mêmes ; étant à la fois, histoire et légende, écriture apocryphe et véritable ; étant des choses concrètes d?une essence méta-chevaleresque.»