Résumé de la 1re partie Paul, citoyen français, dispose chez lui d?un arsenal d?armes. Au matin du 12 février 1989 sa femme, qui entend du bruit, prend la carabine et tire dans le tas. La bande est bel et bien composée de petits voleurs de croissants. Il y a, dans la voiture garée devant la boulangerie et saisie par la police, un certain nombre de pièces à conviction misérables : pains au chocolat, croissants, petits pâtés, pâtisseries diverses. En ce qui concerne la scène de la bagarre et le meurtre lui-même, on ne sait pas très exactement ce qui s'est passé ils n'ont pas été filmés par une caméra de sécurité, comme dans les banques. On sait que, dans un premier temps, Paul et son fils Jean-Marc se trouvent derrière le comptoir. Lorsqu'Antoinette, la concubine de Paul, descend avec sa carabine, elle voit qu'on attaque son compagnon. Mais le fils dit qu'il avait alors déjà repoussé la petite bande de voleurs au-delà de la porte du magasin, à l'aide de son fusil à pompe. Il ne reste donc plus, devant Antoinette, qu'un nommé Ahmed, aux prises avec Paul, et un nommé Safi, sur le pas de la porte. Auparavant, Ahmed aurait pris Paul à la gorge, pendant que les autres s'emparaient de la pâtisserie convoitée. Effectivement, le tiroir-caisse est arraché et les plateaux de croissants sont éparpillés à terre. Devant ce décor de panique, Antoinette, affolée, tire... Antoinette, trente ans, vit depuis huit ans en concubinage avec son oncle, le frère de sa mère. Paul est un homme dépressif depuis son veuvage, alcoolique et agressif. Jean-Marc, son fils de vingt ans, habite avec eux. Père et fils affectionnent les armes et les tirs à la cible. Lors des interrogatoires, Antoinette déclare qu'elle avait peur depuis des mois, et que l'arme sous son lit était chargée en permanence. En effet, les rapports entre le patron boulanger et les clients de l'aube, surtout ceux du week-end, ne sont pas amicaux. Provocation, agression en paroles, larcins... sur un homme dépressif, le terrain est favorable à la paranoïa, au refuge dans les armes. Antoinette a-t-elle tiré après la bagarre, après le vol ou pendant ? Elle dit «pendant». Jean-Marc, le fils, dit «après». Elle s'est donc affolée. N'ayant pas compris que Jean-Marc commençait à tenir la situation en main, sous la menace de son arme, grâce à laquelle, sans tirer, il a fait de la dissuasion. Des témoins, à l'extérieur, ont vu l'un des agresseurs s'occuper du tiroir-caisse. La bande nie tout d'abord avoir volé, puis avoue devant l'évidence. La police n'est arrivée que deux minutes après le coup de téléphone du boulanger, mais, cependant, n'a pas pu reconstituer exactement la scène, les déclarations de chacun étant contradictoires. Pourtant, elle est tragiquement simple, cette histoire. Lamentable et stupide. Un homme est mort, «pour quelques croissants» dit la presse. Ce qui ne l'est plus, c'est la suite. Ça ne peut plus l'être, à partir du moment où il s'agit, d'un côté, de citoyens blancs, français, et, de l'autre, de citoyens basanés, français aussi. Autodéfense, racisme, on fait de la politique étrangère dans la rue. Après le verdict, la situation empire : manifestations, défilés, casse, charge des CRS... Le 13 novembre 1992, après avoir fait quatre mois de préventive, Antoinette se présente, libre, devant les jurés. Elle n'a pas la personnalité d'une meurtrière, Antoinette. Pas le genre amazone, brandissant une arme avec détermination. Ce que la France a aperçu rapidement à la télévision, dans le box des accusés, c'est un visage un peu enfantin, triste, au regard perdu, dépassé par l'événement. Elle dit : Nous étions souvent agressés, j'avais peur tout le temps, ça devenait un calvaire. Et aussi : Je regrette profondément mon acte. Je n'ai voulu tuer ni blesser personne. J'ai brisé la vie d'une famille, mais j'ai aussi brisé la mienne. L'accusation demande la clémence : quatre ans de prison avec sursis. En leur âme et conscience, les jurés décident l'acquittement. Paul prend une peine légère, pour détention d'armes de deuxième catégorie. (à suivre...)