Résumé de la 2e partie Le 16 novembre 1890, il fut tiré au sort par l'Armée et incorporé au 60e Régiment d'infanterie de Besançon. On ne relève aucun meurtre durant son incorporation. Vacher revient voir Louise et exige qu'elle l'épouse. Elle refusa et il tenta de la tuer de trois coups de feu, mais ne l'atteignit pas. Ensuite, il essaya de se tirer trois balles dans la tête. Mais il ne devait pas être doué pour les armes à feu car il survécut, mais garda des séquelles (physiques et psychologiques) notamment une paralysie faciale (côté droit). Son ?il fut perpétuellement injecté de sang, plus gros que le gauche, son oreille suppurait et sa bouche se tordait lorsqu'il parlait. Sommairement soigné, Vacher fut rapidement interné à l'asile de Dôle le 16 juin 1893. Une information pour tentative d'assassinat ayant été ouverte contre Vacher ; le docteur Guillemin reçut l'ordre de se prononcer sur son état mental et sa responsabilité. Le médecin remarqua que Vacher était dans un état si «précaire» qu'il fallait le placer à l'infirmerie. Il expliqua dans son rapport le comportement erratique de Vacher qui se plaignait sans cesse, accusait les médecins de vouloir le faire mourir, demanda qu'on l'opère puis se débattit en hurlant lorsqu'on voulut le faire. Il était sujet à des crises graves, des bouffées délirantes, des hallucinations visuelles et auditives... Le docteur Guillemin conclut, le 12 septembre 1893 : «Le sieur Joseph Vacher est atteint d'aliénation mentale caractérisée par le délire des persécutions.» Si le mot avait été connu à l'époque, il aurait affirmé que Joseph Vacher était tout simplement «paranoïaque», au plus haut point. Le juge d'instruction rendit une ordonnance de non-lieu pour tentative d'assassinat. Vacher resta 6 mois à l'asile de Dôle et tenta plusieurs fois de s'évader. Le 21 décembre 1893, il fut transféré à l'asile de Saint-Robert, dans l'Isère, où on le garda encore trois mois. Là, Vacher (qui était aliéné mais pas idiot) se comporta en homme doux et lucide, pour pouvoir quitter l'asile. Le docteur Dufour le déclara guéri et, le 1er avril 1894, on le laissa sortir malgré ses maux de tête perpétuels. Le 19 mai 1894, il commit son premier meurtre avoué, celui d'Eugénie Delomme, 21 ans, étranglée, mutilée et violée à Beaurepaire, dans l'Isère. Vacher commença à errer dans la campagne française : Drôme, Isère, Rhône, Allier, Puy-de-Dôme, Nièvre, Saône-et-Loire, Var, Ardèche... Marcheur rapide et infatigable, il se faisait embaucher occasionnellement pour les travaux agricoles, mais ne restait jamais au même endroit. Il vivait uniquement de l'aumône des paysans. Les granges constituèrent les logis habituels de Vacher, quand il ne dormait pas à la belle étoile ou dans une cabane de berger. Il mendiait pour vivre ou tentait de se faire embaucher lors des périodes de moissons ou de récoltes. Il fut parfois berger ou colporteur. Il voyagea surtout dans le département Rhône-Alpes, mais ses jambes infatigables l'amenèrent également de Bretagne en Provence et des Pyrénées (pour un pèlerinage à Lourdes) à la frontière belge. (à suivre...)