Résumé de (84e partie) n L'entité qui se présente comme l'esprit du lieutenant Reinach raconte les circonstances de sa mort. Des circonstances auxquelles on ne s'attendait pas ! La planchette parle de nouveau. — ce médecin, il ne perd rien pour attendre. On lui demande ce qu'il attend. — son fils sera envoyé sur le front russe et il se fera tuer ! C'est alors que Mme Reinach intervient. — pitié pour lui ! Ce n'est pas lui qui t'a fait du mal ! — non, il périra ! On ne peut pas échapper à la colère divine ! Elle a beau supplier, l'entité reste inflexible. Maintenant que l'esprit a livré son histoire, Gabriel Marcel veut confirmer les informations communiquées. Les noms qu'il a donnés, pour ses camarades comme pour ses bourreaux, existent-ils ? A-t-il été emprisonné ? Et cette histoire de noyade ? «Je commençais, écrit Gabriel Marcel, par m'attacher au cas Leriche. Ce nom nous était complètement inconnu à Mme Reinach et moi-même, je me reportai à mes fiches, et elle, à la correspondance qu'elle avait eue avec le dépôt ou avec des hommes du régiment de son mari. Nulle part ne figurait le nom de Leriche. J'avais obtenu heureusement, l'autorisation de consulter le fichier officiel des pertes qui se trouvait à l'Ecole militaire et, le cœur battant, je compulsai les fiches du 46e régiment d'infanterie qui avait été cruellement éprouvé depuis le début de la guerre. Je calculais qu'il pouvait y avoir huit à neuf mille fiches, parmi lesquelles j'en trouvai une seule au nom de Leriche, porté disparu à ce même combat de Fossé où avait disparu le lieutenant Reinach. Ici, encore, il paraissait impossible de faire intervenir l'idée d'une coïncidence, mais en outre, en admettant qu'on puisse lire dans une conscience, il est absurde de supposer qu'on puisse lire dans un fichier qui n'est pas quelque chose de vivant…» Le second camarade évoqué par l'entité, Nanot, est demeuré, lui introuvable. Ce n'est qu'après la guerre que Gabriel Marcel est mis, par hasard, sur une piste. «Deux mois après l'armistice, mes yeux tombèrent fortuitement sur ces lignes qui figuraient, si je ne me trompe, dans Le Petit Parisien : ‘'Madame Annot demande des nouvelles de son mari, du 89e régiment d'infanterie, disparu au combat du Fossé''. Le 89e formait brigade avec le 46e et comment ne pas être par l'analogie entre ces noms de Nannot et Annot différents seulement par une inversion de lettres. Cependant, pour autant que je m'en souvienne, les prénoms différaient, et nous ne sommes pas ici en présence d'un fait par lui-même concluant.» Mais le reste de l'histoire est sujet à caution : «Il nous fut affirmé qu'après avoir été dénoncé par un traître, il fut interné par les Allemands à la forteresse de Montmédy et que par la suite, un médecin allemand qui lui vouait une haine particulière parce qu'il était le fils d'un homme politique qui avait contribué à faire voter la loi de trois ans, l'emmena faire une promenade en barque sur la rivière et fit chavirer le bateau de manière à le noyer. Non seulement, je ne puis obtenir aucune confirmation de la Croix-Rouge allemande quant à l'existence de ce médecin dont on nous avait donné le nom, mais d'après ce que j'ai pu savoir, la rivière qui passe à Montmédy n'est pas navigable.» (à suivre...)