Aujourd?hui, nos villes sont un désastre environnemental, économique et social. Elles affrontent de nombreuses crises, enfantent mal vie, délinquance et colère. Le ministère délégué chargé de la Ville a été mis en place pour relancer la vie dans nos cités. De nombreux projets ont alors été lancés. Un vrai défi que les autorités locales devraient relever dans peu de temps. Les villes algériennes ressemblent à une mosaïque non harmonieuse. Des constructions traditionnelles, d?autres coloniales longent les lotissements et les cités nouvelles. Les habitations auto-construites et les bidonvilles se côtoient. Une vraie anarchie ! Actuellement, l?on assiste à une désappropriation spatiale effrénée et incontrôlée qui touche particulièrement les grands ensembles. L?on constate que ces derniers sont conçus sans âme, sans étude, de façon stéréotypée. Ils enlaidissent la vue et l?absence d?architecture altère l?image de la ville et l?équilibre social. Outre la prolifération de l?habitat précaire, les règles d?urbanisme et de construction sont transgressées, portant préjudice au cadre de vie et aux droits des tiers? La dégradation du bâti et de la qualité architecturale est partout visible. D?ailleurs, une vraie vie de quartier ne peut émerger des cités étroites, composées d?une population régionale diverse et instable professionnellement. Des «cités dortoirs» ou des «cages à poules», comme les appellent les citoyens, sont sous-équipées et manquent de l?essentiel. Elles confrontent la violence à la criminalité urbaine incontrôlable. L'indifférence et l?individualisme y règnent en maîtres. Souvent, les espaces extérieurs (jardins, parkings?) ne sont pas aménagés. Des quartiers périphériques, réalisés en autoconstruction, émergent ici et là et occupent un créneau à mi-chemin entre le lotissement et le bidonville. Un exemple édifiant en matière d?appropriation de l?espace de manière informelle, en dehors de tout contrôle et de toute intervention administrative en temps opportun. L'indifférence et l?individualisme ont fait leur apparition. Le chômage, le sous-emploi, la défaillance des services publics et l?absence de politique de solidarité et de proximité au niveau du quartier ne font qu?empirer la situation. Nos villes sont répugnantes, aujourd?hui. Les pouvoirs publics ne semblent pas s?être préparés à des mutations imprévues. Les maux sont divers et se multiplient. A défaut d?une vraie prise en charge, une explosion sociale n?est pas à écarter : délinquance, drogue, vols? L?indigence des relations entre la commune et les citoyens étouffe tout développement du sens civique et du respect de la «chose publique» et freine tout élan de dévouement au service de l?intérêt général. Même si les collectivités locales ont initié des actions de réhabilitation des quartiers, ces interventions restent sans lendemain, car sporadiques et spectaculaires, orientées souvent vers des aménagements de chaussées et de voiries ; les impacts attendus sont limités puisque les maux sociaux se propagent dans les quartiers défavorisés et populaires. Nos jeunes, ainsi, vivent la désillusion, le désenchantement et l?abandon. Pour toutes ces raisons, une politique de la ville cohérente, unie et orientée s?impose, elle devient une urgence, car il y a péril en la demeure.