Résumé de la 5e partie Le 7 octobre, des témoins reconnurent en Vacher le vagabond qu'ils avaient vu deux ans auparavant. Et pourtant, à la fin de cette même journée, Vacher avoua. Le lendemain, il écrivit une lettre (adressée à la France !) où il admettait avoir commis «tous les crimes que vous m'avez reprochés». Comment le juge est-il parvenu à le convaincre ? Nul ne le sait car, dans le procès-verbal de l'interrogatoire qui suivit la confrontation avec les témoins, il n'est nullement question d'aveux. Le juge a, sans aucun doute, triché, manipulé les faits et la vérité... au point que, après le procès, il tomba en disgrâce alors qu'il pensait recevoir la Légion d'honneur. Joseph Vacher était mégalomane, avide de reconnaissance et désirait plus que tout que la presse parlât de lui. Peut-être cela le poussa-t-il à admettre ses meurtres. Il expliqua dans sa lettre qu'il avait commis ces crimes «dans des moments de rage». Le 9 octobre, après avoir pris connaissance de cette lettre, le juge Fourquet voulut interroger à nouveau Joseph Vacher. Mais le jeune mégalomane refusa de lui parler tant que sa lettre n?était pas publiée dans Le Petit Journal, La Croix, Le Progrès et Lyon Républicain ! Le juge accepta, au grand dam du procureur général. Vacher, confiant, raconta tout, pour la première fois de sa vie, heureux que le juge prenne la peine de l'écouter, lui, le sale vagabond. Vacher refusa d'admettre l'abominable meurtre d'Olympe Buisson (9 ans), le 29 septembre 1890 (meurtre sadique que Vacher voulait nier car il ne voulait pas être traité de «tueur d'enfants»). Mais, d'un autre côté, il avoua des crimes que le juge ne lui avait même pas attribués ! Celui d'Eugénie Delhomme (21 ans), violée, étranglée et mutilée le 19 mai 1894, celui d'Aline Alaise (16 ans), égorgée et éventrée le 23 septembre 1895, celui de Claudius Beaupied (14 ans), égorgé, violé et mutilé fin mai 1897, et celui de Louise Marcel (13 ans), étranglée, égorgée et mutilée le 20 novembre 1894. La presse lui attribua alors d'autres meurtres commis dans les Vosges, celui d'une fillette de 9 ans, Adrienne Reuillard, le 18 mars 1897, étranglée et violée, et d'une adolescente de 14 ans, le 1er mai 1897, étouffée et violée. Vacher nia ces deux derniers meurtres. Inexplicablement, il refusait d'admettre une quelconque responsabilité dans les crimes suivis de viols perpétrés sur des fillettes, alors qu'il reconnaissait les viols et les meurtres de garçons, d'adolescentes ou de femmes, comme si ces derniers étaient moins graves ! Le juge Fourquet reçut ensuite un courrier dans lequel le procureur général lui reprochait d'avoir fait publier la lettre de Vacher dans les journaux et, surtout, lui expliquait sa conviction que «l'auteur de cette lettre est, à ne pas en douter, un simulateur ou un fou». Mais le juge Fourquet se refusa d'entendre ce message qui lui conseillait de faire reconnaître par la science la folie et l'irresponsabilité de Vacher pour l'enfermer dans un asile d'aliénés, où l'on s'empresserait de l'oublier. (à suivre...)