Résumé de la 5e partie En août 1897, en Ardèche, Joseph Vacher est arrêté, cette fois-ci pour outrage aux bonnes m?urs. Arrivé à destination, le juge Fourquet lui demanda gentiment de lui expliquer ce qu'il avait fait depuis sa démobilisation, en 1893. Vacher fut à la fois surpris et heureux que quelqu'un soit prêt à l'écouter, et lui raconta ses malheurs et ses errances. Le juge lui mentit en lui affirmant qu'il désirait écrire un livre sur les vagabonds et qu'il désirait son aide. Flatté, Vacher se mit à parler et répondit aux questions de Fourquet. Il indiqua notamment les régions et villes où ses pérégrinations l'avaient conduit. Mais, conservant sa méfiance maladive, il ne mentionna pas les endroits où les crimes de «l'Eventreur» avaient été commis. Le juge décida donc d'être plus franc et demanda à Vacher s'il était passé par Bénonces, le village où le jeune Victor Portalier, 16 ans, avait été égorgé et mutilé le 31 août 1895. Vacher répondit par la négative, mais le juge lui affirma que des témoins l'avaient vu dans le village le jour du crime. Vacher continua de nier et s'enferma dans un mutisme dont il refusa de sortir. Vacher fut ramené en cellule mais, à partir de ce moment, le juge eut des entretiens quotidiens avec lui, sans témoins, sans procès-verbaux des interrogatoires, dans la plus grande illégalité. Persuadé de détenir la vérité, le juge Fourquet ne laissa pas officiellement de traces de ces «discussions», mais parvint à gagner la confiance de Vacher, sans doute en lui promettant de sauver sa tête en échange de ses aveux. Dans le même temps, le juge multiplia les commissions rogatoires pour retrouver et interroger tous ceux qui avaient connu Vacher : les médecins des asiles, l'armée, la famille, les employeurs, la «fiancée» Louise, les amis du régiment, les frères Maristes... Pourtant, à la fureur du juge, le docteur Bozonnet, médecin officiel de la prison de Belley, déclara que Joseph Vacher était... fou : «Vacher est atteint de débilité mentale, d'idées fixes voisines des idées de persécution, de dégoût profond pour la vie régulière. Il présente une otite suppurée, une paralysie faciale consécutive à un coup de feu. Il affirme aussi avoir deux balles dans la tête. La responsabilité de cet individu est très notablement diminuée.» Le juge se refusait à douter un seul instant que Vacher ne fût sain d'esprit. Il n'avait que faire d'un jeune psychiatre nourri de doctrines nouvelles. Il décida de prouver que Vacher était un simulateur. Le 7 octobre, douze témoins, triés sur le volet et soigneusement préparés par Fourquet, reconnurent en Vacher le vagabond qu'ils avaient vu deux ans auparavant. Vacher continua de nier et menaça les témoins de sa vengeance et de la colère divine. (à suivre...)