Résumé de la 6e partie La presse attribua à Vacher d'autres meurtres commis dans les Vosges : celui d'une fillette de 9 ans, étranglée et violée, et d'une adolescente de 14 ans, étouffée et violée. Vacher fut longuement interrogé et examiné par des médecins, dont le célèbre Pr Alexandre Lacassagne, qui le déclara... sain d'esprit. Pour le psychiatre, sadique mais pas fou, Vacher était responsable de ses crimes, tout comme il l'était de ses convictions anarchistes. On devait donc, selon Lacassagne, le condamner à la peine capitale, peine prononcée à l'encontre des «ennemis de la société». Cela peut paraître surprenant de la part de cet éminent spécialiste, vu le comportement de Vacher : il était paranoïaque, se croyait persécuté et divaguait à longueur de journée. Mais, à l'époque, les vagabonds et les pauvres étaient considérés comme une véritable plaie qui devait être éradiquée, et les autorités publiques, qui ne connaissaient que la répression, n'accordèrent aucune circonstance atténuante à Joseph Vacher. C'était l'époque des courtisans et des noceurs, mais aussi celle des chômeurs et des mendiants, des centaines de milliers de trimardeurs sans domicile fixe, de la criminalité galopante, des scandales politico-financiers, des crises économiques... On croyait aux merveilles de la science et de l'industrie, au progrès, à la suprématie européenne et aux valeurs de la République, que seuls contestaient quelques anarchistes terroristes, utilisés comme épouvantails. Joseph Vacher faisait plutôt désordre face à l'ordre établi. Il est possible que le professeur Lacassagne se soit laissé influencer par ses opinions politiques plutôt que de se concentrer sur les faits. Il a surtout vérifié les assertions du juge Fourquet plutôt que d'examiner objectivement l'accusé. D'après Jean-Pierre Deloux, le diagnostic du professeur Lacassagne reposait «entièrement sur des éléments relevés dans les procès-verbaux et non sur un examen objectif de l'inculpé». Le juge Fourquet continua d'interroger Vacher, qui resta muré dans son mutisme. Le juge avança telle ou telle hypothèse, et comme Vacher ne répondait jamais, le juge en conclut qu'il consentait... Le 3 décembre, il mit fin aux interrogatoires, peu de temps avant que ne soit promulguée une loi sur l'assistance judiciaire qui pouvait remettre en cause la totalité de son instruction. Le juge Fourquet délivra une ordonnance désignant le professeur Lacassagne (directeur du laboratoire de criminologie de Lyon) et les docteurs Rebatel et Pierret (tenant, eux aussi, de la thèse du «sain d'esprit») comme experts commis à l'examen mental de l'inculpé. En revanche, il oublia totalement d'informer Vacher de la nouvelle loi d'assistance judiciaire, de ses nouveaux droits et, surtout, de ce que cela pouvait signifier pour lui ! Il dut pourtant se résoudre à l'ordre du procureur général, mais attendit le 15 décembre pour expliquer à son prisonnier les tenants et les aboutissants de cette loi. (à suivre...)