Résumé de la 7e partie Le juge Fourquet continua d'interroger Vacher qui resta muré dans son mutisme. Vacher, orgueilleux et ignorant ses droits, refusa l'assistance d'un avocat. Il est aussi possible qu'il n'ait absolument pas compris que cette loi pouvait grandement l?aider... Son procès et même l'instruction qui le précéda, furent révélateurs du conflit entre la justice et la psychiatrie quant au malaise de la justice face à la folie. Le juge Fourquet, par intime conviction, ou plutôt par intérêt et par conviction, fit pencher la balance du côté du Talion plutôt que de la Justice, considérant que l'accusé entravait l'ordre social et politique. Le juge se montra d'une extrême malhonnêteté quand les circonstances l'exigeaient et le docteur Lacassagne d'un total parti pris. La presse nationale et provinciale envahissait la petite ville de Belley, et de nombreux curieux s'attroupaient devant la prison ou le palais de justice. Le juge, flatté de cette nouvelle célébrité, passait son temps à essayer de convaincre les journalistes que Vacher n'était pas aliéné, et leur demandait de ne pas user des termes «fou, malade ou irresponsable» dans leurs articles. Selon le juge Fourquet et ses trois médecins experts, Vacher n'était pas fou. Enfin, il ne l'était plus depuis que, quatre ans auparavant, le docteur Dufour l'avait laissé sortir de l'asile de Saint-Robert, «sain et responsable». Et, bien entendu, il n'était pas redevenu fou depuis... Ces quatre hommes, étriqués dans les convictions et les visions politiques de leur classe sociale et de leur époque, avaient condamné Vacher à mort avant même qu'il ne soit jugé. Toutefois, le juge Fourquet n'avait pu obtenir les pouvoirs nécessaires pour instruire officiellement tous les crimes. Il dut se borner à n'instruire que l'assassinat de Victor Portalier, dans l'Ain, le seul qui ait été commis dans son arrondissement. Le procès de Joseph Vacher s'ouvrit le 26 octobre 1898 à Bourg-en-Bresse, en présence de la presse française, mais aussi britannique et américaine. Vacher entra dans le palais de justice avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire : «J'ai deux balles dans la tête» et en chantant : «Gloire à Jésus ! Gloire à Jeanne d'Arc !» Durant trois jours, il se comporta comme un bouffon, comme un idiot, étonnant, émouvant et terrifiant. Il eut des crises de rage, éructant, bavant, menaçant. L'avocat de Vacher tenta de sauver son client, attaquant l'acte d'accusation, contestant les expertises et la légalité des débats, se battant contre l'indifférence des jurés... En vain. Le sort de Vacher était déjà scellé. Il fut reconnu coupable de meurtres avec préméditation, sans aucune circonstance atténuante, à l'unanimité des douze jurés. Vacher, dont la place était plus sûrement à l'asile que sur l'échafaud, fut guillotiné le 31 décembre 1898, à l?âge de 29 ans.