La culture hip-hop a pris naissance, en Algérie, notamment à Alger, vers le milieu des années 1980 ; au moment où il apparaît, ce genre musical tente de triompher en Europe. En Algérie il s?agissait d?une entreprise avortée, puisqu?elle n?a duré que quelques semaines. C?était plus une initiative expérimentale qu?un choix artistique. C?était Hamidou, à l?époque jeune et novice qui, tentant l?aventure, a interprété Djamaâ fi lil (promenade dans la nuit), une chanson allant dans le style rap, qui a fait l?objet d?une véritable curiosité musicale pour les jeunes ? et aussi pour les gens du métier. Si le rap n?a pas survécu, c?est d?abord parce que la société n?était pas encore prête à assimiler ce genre de musique ; ensuite, celles prédominant en ces temps-là étaient le chaâbi et notamment la chanson moderne (âssimi). Le rap, comme partout dans le monde, n?a pas eu un écho favorable : il était sévèrement accueilli par les conservateurs. De plus, personne, même les gens du métier les plus ouverts, ne voulait pas en entendre parler et tous, unanimement, refusaient d?y croire. Car cela leur semblait à la limite de l?irréalisme. Vouloir inscrire le rap (ou par extension la culture hip-hop) dans nos m?urs musicales semblait une «folie». Le rap n?allait pas tarder, de ce fait, à disparaître de la scène artistique algérienne. La tentative de Hamidou a été vaine et vite reléguée dans l?oubli. D?ailleurs, il n?a pas tardé à changer de registre et à se convertir au hawzi. Depuis, personne n?a pensé ? et osé ? renouveler une telle aventure. Il a donc fallu attendre les années 1990, et plus précisément la seconde moitié de la décennie (1997), pour que l?on voie le rap refaire surface et revenir, en force, cette fois, sur la scène artistique algérienne, avec nombre de groupes de jeunes rappeurs déterminés à hisser le rap, tel un étendard, au même niveau que les autres genres musicaux algériens. Ainsi, des jeunes, tout juste sortis de l?adolescence, décident alors de se constituer en petits groupes de rappeurs pour exprimer leur sensibilité. Ces groupes, comme MBS, Hamma Boys, Intik?, ne tardent pas à voir le jour et à envahir d?abord les rues des grandes villes d?Algérie, notamment la capitale, pour ensuite aller conquérir les salles de spectacle et même les studios d?enregistrement. D?autres les ont suivis, rejoignant la grande famille des rappeurs algériens.