Résumé de la 13e partie En joignant les mains, Aladdin frotta l'anneau que le magicien africain lui avait mis au doigt ; aussitôt, un génie se présenta devant lui. On ne trouvera pas étrange qu'Aladdin, qui était demeuré si longtemps dans les ténèbres les plus épaisses, ait eu d'abord de la peine à soutenir le grand jour ; il y accoutuma ses yeux peu à peu et, en regardant autour de lui, il fut fort surpris de ne pas voir d'ouverture sur la terre. Il ne put comprendre de quelle manière il se trouvait si subitement hors de ses entrailles ; il n'y eut que la place où les broussailles avaient été allumées qui lui fit reconnaître à peu près où était le caveau. Ensuite, en se tournant du côté de la ville, il l'aperçut au milieu des jardins qui l'environnaient ; il reconnut le chemin par où le magicien africain l'avait amené et il le reprit en rendant grâces à Dieu de se revoir une autre fois au monde, après avoir désespéré d'y revenir jamais. Il arriva jusqu'à la ville et se traîna chez lui avec bien de la peine. En entrant chez sa mère, la joie de la revoir, jointe à la faiblesse dans laquelle il était de n'avoir pas mangé depuis près de trois jours, lui causèrent un évanouissement qui dura quelque temps. Sa mère, qui l'avait déjà pleuré comme perdu ou comme mort, en le voyant en cet état, n'oublia aucun de ses soins pour le faire revenir. Il revint enfin de son évanouissement et les premières paroles qu'il prononça furent celles-ci : «Ma mère, avant toute chose, je vous prie de me donner à manger ; il y a trois jours que je n'ai pris quoi que ce soit.» Sa mère lui apporta ce qu'elle avait, et, en le mettant devant lui : «Mon fils, lui dit-elle, ne vous pressez pas, cela est dangereux ; mangez peu à peu et à votre aise, et ménagez-vous dans le grand besoin que vous en avez. Je ne veux pas même que vous me parliez : vous aurez assez de temps pour me raconter ce qui vous est arrivé quand vous serez rétabli. Je suis toute consolée de vous revoir, après l'affliction où je me suis trouvée depuis vendredi et toutes les peines que je me suis données pour apprendre ce que vous étiez devenu, dès que j'eus vu qu'il était nuit et que vous n'étiez pas revenu à la maison.» Aladdin suivit le conseil de sa mère : il mangea tranquillement et peu à peu, et il but à proportion. Quand il eut achevé : «Ma mère, dit-il, j'aurais de grandes plaintes à vous faire sur ce que vous m'avez abandonné avec tant de facilité à la discrétion d'un homme qui avait dessein de me perdre, et qui tient, à l'heure que je vous parIe, ma mort si certaine qu'il ne doute pas ou que je ne sois plus en vie, ou que je ne doive la perdre au premier jour ; mais vous avez cru qu'il était mon oncle et je l?ai cru comme vous. Eh ! Pouvions nous avoir d'autre pensée d'un homme qui m'accablait de caresses et de biens et qui me faisait tant d'autres promesses avantageuses ? Sachez, ma mère, que ce n'est qu'un traître, un méchant, un fourbe. Il ne m'a fait tant de bien et tant de promesses qu'afin d'arriver au but qu'il s'était proposé de me perdre, comme je l'ai dit, sans que ni vous ni moi nous puissions en deviner la cause. De mon côté, je puis assurer que je ne lui ai donné aucun sujet qui méritât le moindre mauvais traitement. Vous le comprendrez vous-même par le récit fidèle que vous allez entendre de tout ce qui s'est passé depuis que je me suis séparé de vous jusqu'à l'exécution de son pernicieux dessein.» (à suivre...)