Comme tchipa, le mot el?ât a le parfum de la corruption. Provenant du verbe ?âti (donner), il incite ouvertement à délier les cordons de la bourse, à donner de l?argent, à fournir une contrepartie contre un éventuel service : a?âtini (donne-moi, offre-moi), si tu ne me donnes pas, tu n?auras rien ! Donner quoi ? des prestations, des services divers, que l?on paye en billets ou en monnaie sonnante et trébuchante? A cause de ces présupposés, le mot el?ât a un peu le sens de tchipa, argent de la corruption ou de la contrebande. D?autres mots sont encore utilisés pour désigner l?argent. Ainsi on dit lh?ebb, à la fois grains et boutons : l?intention est, sans doute, d?exprimer l?idée de nombre, de prospérité, mais peut-être aussi de? douleur, le bouton, l?éruption cutanée étant quelque chose qui fait mal, peut-être parce qu?on a beaucoup de mal à gagner l?argent? Le mot lh?ebb se retrouve aussi en kabyle où on utilise aussi a?aquch, mot désignant ordinairement les perles de verre coloré : ici aussi, c?est l?idée de quantité à laquelle s?ajoute l?idée de brillance ; mais comme on sait, tout ce qui brille n?est pas or. Mais le terme argotique le plus utilisé pour désigner l?argent dans la langue de Si Mohand Ou Mhand est ihamoutène, mot venant d?un verbe, h?mu, signifiant «être chaud, chauffer». Il est vrai que l?argent peut brûler : au sens de passionner, d?attiser les désirs et la cupidité, mais aussi de punir tous ceux qui essayent de s?en emparer de manière malhonnête. L?argent est encore appelé h?alla, d?un verbe classique, h?ali (donner de l?argent) : l?expression la plus courante est «beaucoup h?alla» pour dire «beaucoup d?argent».