Port de plaisance, boulevard front de mer, un espace pour piétons, de petits motels, des crémeries? La Madrague promet de se parer de ses plus beaux atours au grand bonheur des nostalgiques. Les deux plages, qui faisaient, jusqu?à un passé très récent, la notoriété de la localité, ont disparu au profit d?une surface artificielle faisant partie du projet. «Depuis la fermeture de ces deux plages, nos enfants ne trouvent plus d?endroit où se baigner. On n?aurait pas dû défigurer de la sorte notre localité. C?est un massacre qu?on vient de commettre par ici», dénoncent des pêcheurs rencontrés au port. Entre deux critiques, ils regrettent «leur» Madrague, «celle d?antan, belle et naturelle». La jetée, qui constituait l?essentiel de l?ancien port, est pourtant toujours là, debout. Mais il est vrai qu?elle est éclipsée par la toute nouvelle. 300 m de gagné sur la mer, celle-ci est imposante. Sa construction a nécessité de gros efforts, «des travaux d?Hercule», commente le chef du projet, M. Meraoui. Pas moins de 38 340 t d?enrochement ont été transportées, ici, des différentes carrières de la capitale pour «boucher» la mer et mettre en place cette plateforme. Et ce sans compter les énormes quantités de tout-venant et les dizaines de blocs de béton qui attendent d?être placés dans les jours à venir sur le côté droit de la jetée. Le nouveau port commence à se dessiner petit à petit. Du haut de la falaise qui domine El-Djamila, l?on peut apercevoir les principales parties de l?infrastructure : la jetée principale, la jetée secondaire, l?épi de protection? Les entreprises de réalisation semblent sûres d?être au rendez-vous qui leur a été donné par le ministre des Travaux publics pour la réception de l?infrastructure, puisque aucune accélération du rythme des travaux n?est visible. Il faut dire que l?essentiel des ouvrages composant le port ont été réalisés. Il n?empêche que le chef du projet inspecte presque quotidiennement le chantier. «Il y a toujours des problèmes qui surgissent et qui doivent être résolus dans les plus brefs délais. C?est pourquoi je suis tout le temps ici.» Si le port d?El-Djamila se métamorphose chaque jour davantage, ce n?est pas le cas des nombreux commerces qui l?entourent. Dans un état délabré pour la plupart, ceux-ci continuent néanmoins d?être fréquentés, affirme un jeune homme travaillant dans un kiosque situé dans les environs. «Il faut venir ici la nuit pour voir et croire !» ajoute-t-il d? un air crispé. C?est que la débauche a pris racine ici au grand dam des habitants qui fondent de grands espoirs sur les travaux d?aménagement du port pour «nettoyer» leur localité.