Risque Quatre candidats sont en lice pour le scrutin de dimanche. Sous une pluie fine, des dizaines de militants de l'opposition attendent la caravane du parti au pouvoir pour lui bloquer la route dans l'un de leurs fiefs, le quartier Tchawanda de Sokodé. Sans hésiter, les militants du RPT, moins nombreux mais brandissant machettes et gourdins, se jettent sur eux. Très vite, les militants de l'opposition se dispersent dans les «von», ces ruelles de terre perpendiculaires à l'avenue principale goudronnée. Ils lancent des pierres. La riposte des gros bras du Rassemblement du peuple togolais (RP Tancien, parti unique au pouvoir) ne se fait pas attendre et c'est une pluie de pierres qui s'abat sur les maisons et les boutiques qui bordent la route, alors que des passants sont menacés. Dix minutes après, des éléments de la Force de sécurité de l'élection présidentielle (Fosep) interviennent manu militari, armant leurs fusils et menaçant les opposants qui se dispersent, encourageant le RPT à reprendre la route. Deux ou trois jeunes opposants sont bastonnés puis relâchés, retirés à la vindicte des militants du RPT. Mais sur le parcours, dès qu'une personne est surprise portant un vêtement orange, la couleur de l'opposition, elle est malmenée. Cette violence et les blessés qui en résultent sont symptomatiques du climat qui règne aujourd'hui au Togo, où l'opposition se méfie du RPT et craint les fraudes, tandis que les militants du RPT agitent la menace de rivalités ethniques. «Depuis le début de la campagne, c'est comme ça. Le RPT a distribué des machettes à ses jeunes et ils nous menacent», constate Djabo Abdoubari, opposant de 29 ans, l'arcade ouverte par une pierre. «La Fosep assure la sécurité des candidats et des réunions électorales. Forte de plus de 3 000 soldats, policiers et gendarmes, son rôle est d'appeler les gens au calme et d'assurer l'ordre», a déclaré le général Assani Tidjani, ministre de la Défense. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé hier à Sokodé (nord), deuxième ville du Togo, où le candidat unique de l'opposition traditionnelle à la présidentielle, Emmanuel Bob Akitani, tenait un meeting. Quatre candidats sont en lice pour la présidentielle de dimanche : M. Akitani, Faure Gnassingbé, 39 ans, un des fils du président défunt pour le RPT et deux candidats de l'opposition modérée. Les discours sont très pédagogiques, invitaient les Togolais à «bien surveiller le scrutin et le dépouillement» pour éviter les fraudes. «Tout le monde dimanche doit être au bureau de vote avant l'ouverture», Lance Léopold Gnigninvi, président de la Conférence des peuples africains (CDPA, opposition).