Parcours Karim a été, pendant des années ? plus d?une décennie ? , un héroïnomane (consommateur d?héroïne) invétéré. Un grave incident a été à l?origine de sa décision de stopper définitivement, sa descente aux enfers. Rencontré à l?hôpital Frantz-Fanon, ce jeune homme, dépassant la trentaine, natif de Bab El-Oued, raconte son histoire, morbide, mais qui s?est avérée tellement salvatrice pour lui et sa famille : «Cela faisait presque une année que j?étais sorti de prison où j?ai été incarcéré pour une affaire de stupéfiants. Dès le lendemain de ma relaxe, j?ai assuré à mes proches et à ma femme surtout, que cette pénible expérience m?a fait prendre conscience de mon état et du mal que je leur causais et que par conséquent, j?avais décidé de ne plus toucher à la drogue. Ma femme a été d?autant plus convaincue, que moi-même, en annonçant ma décision, j?étais réellement sincère et convaincu sur le moment. Hélas, il ne fallut pas plus de quelques semaines pour que je replonge, mais en faisant très attention pour qu?elle ne s?en aperçoive pas. La situation a continué de cette manière, jusqu?au jour funeste qui a failli coûter la vie à ma femme. Vous savez, il existe des comprimés qui ont exactement le même effet que l?héroïne, et j?en avais sur moi que je prenais soin de bien dissimuler. Un jour, ma femme, qui mettait de l?ordre à la maison, en trouva un dans l?un des tiroirs d?une table de nuit dans notre chambre, et m?a demandé à quel type de mal, ce médicament est prescrit. Pris au dépourvu, je lui ai débité le premier mensonge qui m?est passé par la tête : un comprimé pour le mal de dos, ai-je répondu. Par malheur, mon épouse souffrait justement de maux de dos et, me prenant au mot, a pris le médicament. Résultat, il a fallu la transporter d?urgence à l?hôpital n?ayant pas moins risqué que la mort. Sauvée in extremis, elle n?a pu que me donner le choix entre continuer à me droguer et la perdre ou me décider à me soigner et à sauver mon foyer. Je n?ai pas hésité une seconde à opter pour la seconde solution et c?est ainsi que j?ai pris la décision de me rendre à cet hôpital pour une cure de désintoxication avec le soutien de ma famille et de ma femme surtout, qui se démène pour préparer ma réintégration sociale et familiale dans les meilleures conditions possibles.» En fait, il s?agit pour lui de changer en priorité de quartier, le sien étant, selon ses médecins, inadapté et fragilisant, propice aux rechutes. Au prix de sacrifices que l?on imagine sans peine, son épouse et ses parents déménagent. Mais le jeu en vaut largement la chandelle.