Rêve Comment peut-on définir la peinture de Halima Lamine ? D?abord, il faut situer l?univers de l?artiste : un monde onirique dont la matière (couleurs et formes) est puisée dans le rêve. Celui-ci, moteur de production, joue, à cet effet, un rôle essentiel dans la création picturale à laquelle Halima Lamine se livre avec une certaine innocence et beaucoup d?imagination. Ensuite, il est bon de décrire la composition de cet univers plein de visions intérieures et de songes métaphoriques. L??uvre, intitulée «Mémoires et métaphores : alchimie de la douleur», revêt un contenu insolite, vu les personnages que l?artiste conçoit dans son imaginaire et met en scène sur fond de tons bleus, ocres, rouges ou noirs récurrents. Les couleurs accentuent l?intensité visuelle de ses peintures et font ressortir toute l?émotion qui s?en dégage. Sur chaque peinture, qui se veut un tableau-écran, est représenté effectivement un personnage, celui de la femme dans des postures irréalistes, biscornues, relevant d?une existence extrahumaine. Halima Lamine ne se limite pas à une représentation simpliste de la femme et, dans un esprit féministe, elle s?applique à effectuer une mise en scène du corps : un corps suspendu dans ce qui peut être l?absolu. Un corps dont les membres sont désarticulés et qui, par la suite, sont réorganisés autrement, différemment et de manière complexe et déroutante. Halima Lamine semble éprouver un malin plaisir à jouer à ce jeu de découpage et d?assemblage afin de donner à son personnage une autre apparence, une autre forme anatomique. Il y a, en fait, un travail sur l?imaginaire, un exercice sur le style de la création : «L??uvre de Halima Lamine pose la question de l?imaginaire artistique, de ses sources et ses référents.» D?où la question : d?où est puisée l??uvre de Halima Lamine ? Certes, son exaltation picturale vient de son rêve, mais pas n?importe lequel. A se référer à ses personnages, notamment à la manière dont chacun est projeté sur le tableau, l?on peut d?emblée dire que le rêve constitue une nomenclature de sentiments et d?impressions. Halima Lamine parle de ses songes. Elle cristallise un malaise, une existence tourmentée par les vicissitudes de la vie. Elle fait parler son être, celui que l?on retrouve avec récurrence dans chacun de ses tableaux. En fait, cette femme qu?elle imagine et matérialise n?est que l?incarnation d?elle-même, une personne semblant être hagarde. A aucun moment, d?ailleurs, Halima Lamine ne présente des personnages sereins ; bien au contraire, elle les fait paraître dans une existence tragique ; tous, solitaires, hagards, tristes et stupéfaits, semblent torturés, affolés, désemparés, perdus quelque part dans un monde étranger et étrange. Leur serait-il hostile ? (*) Halima Lamine expose à la salle Frantz-Fanon (Ryad El-Feth) jusqu?au 30 avril.