Résumé de la 7e partie Augustin se laisse aller aux plaisirs que lui offre Carthage, mais il va suivre ses études avec plus de sérieux. Pourtant, malgré l?insistance de sa mère, il refuse de se convertir au christianisme. Après avoir fréquenté les filles de joie, Augustin, bien que jeune encore, prend une femme avec laquelle il va vivre plusieurs années et avec laquelle il aura son seul enfant, un garçon. S?il donne le nom de ce fils, prénommé Adéodat, il ne cite pas une seule fois sa compagne. Sa mère va, bien sûr, condamner cette union et continuer à l?inciter à se convertir? Cependant, si Augustin refuse la religion de sa mère, il va se laisser séduire par les idées manichéennes et même adhérer à la secte à laquelle il va rester attaché pendant près de dix ans. On a tendance à considérer le manichéisme comme une doctrine philosophique, alors qu?en réalité c?est avant tout un mouvement religieux. On peut même dire que c?est une religion, avec des institutions et des dogmes d?une grande cohérence. Dérivé du christianisme, il se considère comme le dépositaire de l?«Esprit Saint» et se définit comme la «Sainte Eglise». Mais si son fondateur, Mani, qui a vécu au IIe siècle de l?ère chrétienne, s?inspire au départ des doctrines de Jésus-Christ, il s?en écarte par la suite et se prend lui-même pour un «envoyé» de Dieu, prenant la place du Christ, devenant le Paraclet annoncé, finissant la Révélation commencée avec Adam. Il considère comme «envoyés» non seulement les prophètes de la tradition judéo-chrétienne, mais aussi les fondateurs d?autres religions comme Bouddha. Pour tout cela, les chrétiens le considèrent comme un apostat et un hérétique. Après la mort de Mani, le manichéisme connaît une grande expansion, d?abord en Orient, puis en Afrique. C?est probablement d?Egypte qu?il est entré au Maghreb où il a rencontré beaucoup de succès. Alors même qu?au IVe siècle ? à l?époque de saint Augustin ? il reculait à l?ouest, il a acquis, notamment à Carthage, un regain de vitalité. Il subsistera durant la période vandale et même arabe, puisque L?Eglise manichéenne aura, en 784 et 775, un «imam» ifriqyen, Abu Hilal al-Dayhuri. Il semble que parmi les Berbères, il y a eu une pratique du manichéisme plus proche du christianisme, ce qui explique ce grand succès. Qu?est-ce qui a bien pu attirer saint Augustin dans ce mouvement ? C?est sans doute, avant tout, ses aspects gnostiques, cette tendance à réconcilier toutes les religions qui s?unissent dans une philosophie du tout et de l?un, guidée par la connaissance et la sagesse suprêmes. L?âme passionnée du jeune homme, qui ne veut pas adhérer au christianisme de sa mère, jugé «religion de bonne femme» et qui ne se satisfait plus du paganisme, a dû être fortement impressionné par les mystères manichéens, leur ésotérisme aussi. Il a dû aussi aimer les polémiques suscitées par la doctrine, notamment celles qui tournaient autour de notions fondamentales du manichéisme, comme le bien et le mal, l?esprit et la matière, les ténèbres et la lumière? Même si, devenu chrétien, saint Augustin va renier le manichéisme et prendre comme adversaires ses anciens compagnons, il ne peut nier, comme il s?évertuera à le faire plus tard, l?influence qu?il a exercé sur lui. On peut même dire qu?il a préparé sa conversion au christianisme, du moins qu?il l?a initié ? même si c?est de façon négative ? à certains de ses dogmes. (à suivre...)