Virée C?est un voyage à l?intérieur des labyrinthes, des dédales où se terrent les jeunes dés?uvrés. Mercredi, 27 avril. Il est à peine 21 heures lorsque notre tournée, avec la cellule de la lutte contre la délinquance juvénile de la Gendarmerie nationale, accompagnée des membres de la brigade de la protection de l?enfance relevant de la sûreté de wilaya d?Alger et de la Fondation algérienne pour la protection des droits de l?enfant et des adolescents commence. C?est la découverte de l?autre monde, de l?autre vie, celle de la nuit, de la déchéance, de la drogue, des soirées arrosées entre potes, des errances nocturnes entre le passé, le présent et le futur incertain. S?oublier le temps d?un soir, d?une nuit? d?une éternité. C?est surtout un voyage à l?intérieur de ces labyrinthes, de ces dédales où se terrent ces jeunes dés?uvrés. «Titanic», «Jeninet el-khalkhal», «Zaâtcha», «La cave» et beaucoup d?autres endroits situés dans la capitale, se transforment, chaque soir, en des terriers chaleureux pour des groupes de délinquants. Ils y puisent solidarité, écoute autour d?un joint, d?une bouteille de vin ou de la cocaïne. Des jeunes Algériens, de la capitale comme des régions intérieures du pays, blasés par l?existence, la société et la famille. Terrible réalité ! La tournée commence par le marché Clauzel à Audin, puis l?on se dirige vers le jardin de Zaâtcha, puis à El-Kettani, où les délinquants squattent une salle des fêtes construite récemment et y consomment drogue et alcool. Il est impossible d?y pénétrer. Dès qu?ils nous aperçoivent, ils se sauvent. Il est même dangereux de s?y aventurer, les jeunes drogués sont sans pitié, ils sont armés et ont des épées. Le «Titanic» (en face du ministère du Travail) comme ils l?appellent pour son luxe, se trouve à Belcourt, c?est le projet dit «Bel Hafaf». Des chambres équipées et vides que se partagent ces dés?uvrés. Il y a aussi la salle de cinéma ex-Roxy, de Belcourt, à l?abandon depuis des années et qui sert de refuge à ces marginaux. Le matin, certaines de ces «maisons» deviennent des lieux d?agression. Les délinquants se sont approprié ces lieux isolés qui n?attirent guère l?attention ou les soupçons en plein jour. Ils y ont même installé un équipement de fortune, tables, draps, photos? Et chaque nuit, ils s?y retrouvent. Ils y vivent.