Projection Les Carnets d?Alger, paru aux éditions Dalimen et réalisé par Catherine Rossi, se présente comme un cahier de voyage. Le livre comprend des aquarelles accompagnées de textes racontant la ville d?Alger et les émotions que l?auteur, Catherine Rossi, a ressenties en s?y promenant. Elle dessine la ville d?Alger. Elle peint ce décor urbain tel qu?il se présente à ses yeux. Ce livre, Les Carnets d?Alger, est né d?un désir, celui d?aller à la rencontre de la ville d?Alger et de la connaître. Elle écrit : «Ainsi, bien avant de partir, j?ai désiré la ville (?) / Une envie obsédante, qui tiraille les tripes / L?envie de partir, de voir Alger enfin.» Catherine Rossi va à la rencontre d?Alger, autrefois Alger la Blanche mais qui, aujourd?hui, ne garde que des traces de sa notoriété d?antan. Elle rencontre Alger qu?elle découvre et qu?elle finit, au cours de son séjour, par affectionner, voire la désirer. Un lien affectif l?a fait s?entretenir avec cette ville millénaire. «Elle m?attire irrésistiblement, blessures passées d?un être aimé, que l?on cherche à exorciser? Mais je veux Alger telle qu?elle est, aujourd?hui», écrit-elle. Effectivement, Catherine Rossi ne cherche pas à fantasmer sur la ville d?Alger, comme l?ont fait ses prédécesseurs au XIXe et XXe siècles. Bien au contraire, elle cherche à être plus près de la réalité sans s?en éloigner afin de donner une vision neuve et inédite d?Alger. «La ville est là (?) Rien de ce que j?avais vu en images. Je dessine sans penser», précise-t-elle. Et d?ajouter : «Peu à peu, les images tant recherchées avant de partir, s?effacent. Ecrasées par celles, bien réelles, d?Alger d?aujourd?hui?» Toutefois, il y a, et cela semble être indépendant de sa volonté, une transfiguration d?Alger. L?artiste agit de manière à transposer la ville dans un bel imaginaire, un univers colorisé et intimiste. La ville d?Alger, aux mille mirages et aux sensations feutrées, apparaît toujours belle, éblouissante ; elle se dessine sous le crayon de Catherine. Elle resplendit sous le geste re-créateur de l?artiste. Catherine Rossi, qui raconte Alger, ville où «une, plusieurs histoires s?entremêlent, des drames et des victoires, des larmes et des fêtes», exprime une profonde tristesse à l?égard de La Casbah, un mal qu?elle décrit si bien dans son texte qui accompagne ses aquarelles. Elle écrit : «J?ai mal. Mal partout, mal pour elle. Faire quelque chose. Urgence. (?) La Casbah se désintègre. (?) Les maisons, à force de se rapprocher, se pleurent dans l?oubli. Je pleure avec elles.» Les Carnets d?Alger est un livre-écran, une projection sur la ville d?Alger d?aujourd?hui : nouveau regard, regard féminin posé sur la ville.