La coopération entre les services de sécurité palestiniens et leurs homologues israéliens s?est intensifiée ces derniers mois. Après l?attentat de Tel-Aviv en février dernier, le ministre de l?Intérieur palestinien n?a pas hésité à dépêcher ses limiers autour de Tulkarem, la région dont était originaire le kamikaze. Cinq militants du Jihad islamique ont été appréhendés à cette occasion. En mars dernier à Dura, au sud de Hébron, un autre coup de filet a permis l?arrestation de quinze activistes et la saisie d?armes, d?explosifs et de munitions. «Nous menons une campagne destinée à mettre un terme à l?activité des criminels qui vandalise les institutions et les propriétés publiques», a déclaré Jihad Abu Omar, un officier supérieur. L?échange d?informations entre les deux camps s?est aussi intensifié. Grâce à des tuyaux du Shin Beth, les services secrets israéliens, les Forces spéciales palestiniennes ont saisi des ceintures d?explosifs. Inversement, c?est un renseignement de la police palestinienne qui a permis aux soldats israéliens de localiser et de désamorcer une bombe de 100 kilos dissimulée dans un camion près de Jénine. Du temps d?Arafat, cette coopération entre officiers n?avait jamais vraiment cessé. Mais outre son fonctionnement erratique, elle pêchait par manque de visibilité. Désormais, ces pratiques sont assumées haut et fort par le nouveau ministre de l?Intérieur. «A chaque déplacement, dit son adjoint, Nasser Youssef répète la même chose aux chefs de la police : "Si vous faîtes votre travail, vous serez soutenu. Si vous ne le faites pas, vous serez viré."» Un principe très vite mis en application. A Gaza, après qu?un gang eut fait irruption dans la prison et assassiné deux prisonniers dans leurs cellules sans être inquiété, les deux principaux responsables sécuritaires ont été limogés. Même scénario à Jénine. Furieux de ne pas avoir été prévenu de la venue de Youssef dans la ville dont il se considère le shérif, Zakariya Zubeïdi, le chef des Brigades des martyrs d?El-Aqsa, avait ouvert le feu sur son convoi. L?affaire s?est réglée par une entrevue musclée entre les deux hommes et le renvoi du chef de la police local. «Zubeïdi s?est excusé, dit un proche de Youssef. Localement, il est craint mais il n?est pas respecté.» Et il ajoute avec un sourire cynique : «Nous avons juste besoin d?un peu de temps pour l?écraser.» Une déclaration qui cadre bien avec la réputation de Nasser Youssef. Un dur, légaliste, mais adepte de la manière forte. L?homme a été de tous les champs de bataille palestiniens, de Karameh en 1968 à Beyrouth en 1982. C?est lui qui commandait l?Armée de libération de la Palestine lors de son retour triomphal à Gaza, en 1994. A cette époque, il n?avait pas hésité à raser au bulldozer une mosquée construite illégalement par l?un des leaders du Hamas, Mahmoud Zahar. Au sein du comité central du Fatah dont il est membre, il était l?un des rares à tenir tête à feu Yasser Arafat dont il critiquait le «laxisme» dans la gestion de l?Intifada.