Résumé de la 28e partie La mère d'Aladdin donne encore à son fils plusieurs autres raisons pour tâcher de le faire changer de sentiment, en vain. Il se leva avant la petite pointe du jour, et alla aussitôt éveiller sa mère. Il la pressa de s'habiller le plus promptement qu'elle pourrait, afin d'aller se rendre à la porte du palais du sultan et d'y entrer à l'ouverture, en même temps que le grand vizir, les vizirs subalternes et tous les grands officiers de l'Etat y entraient pour la séance du divan, où le sultan assistait toujours en personne. La mère d'Aladdin fit tout ce que son fils voulut. Elle prit la porcelaine où était le présent de pierreries, l'enveloppa dans un double linge, l'un très fin et très propre, l'autre moins fin, qu'elle lia par les quatre coins pour le porter plus aisément. Elle partit enfin avec une grande satisfaction d'Aladdin, et elle prit le chemin du palais du sultan. Le grand vizir, accompagné des autres vizirs, et les seigneurs de la cour les plus qualifiés, étaient déjà entrés quand elle arriva à la porte. La foule de tous ceux qui avaient des affaires au divan était grande. On ouvrit et elle marcha avec eux jusqu'au divan. C'était un très beau salon, profond et spacieux, dont l'entrée était grande et magnifique. Elle s'arrêta et se rangea de manière qu'elle avait en face le sultan, le grand vizir et les seigneurs qui avaient séance au conseil à droite et à gauche. On appela les parties les unes après les autres selon l'ordre des requêtes qu'elles avaient présentées et leurs affaires furent rapportées, plaidées et jugées jusqu'à l?heure ordinaire de la séance du divan. Alors, le sultan se leva, congédia le conseil, et rentra dans son appartement, où il fut suivi par le grand vizir. Les autres vizirs et les ministres du conseil se retirèrent. Tous ceux qui s'y étaient trouvés pour des affaires particulières firent la même chose, les uns contents du gain de leurs procès, les autres maI satisfaits du jugement rendu contre eux, et d'autres enfin avec l'espérance d'être jugés dans une autre séance. La mère d'Aladdin, qui avait vu le sultan se lever et se retirer, jugea bien qu'il ne reparaîtrait pas davantage ce jour-là, en voyant tout le monde sortir ; ainsi elle prit le parti de retourner chez elle. Aladdin, qui la vit rentrer avec le présent destiné au sultan, ne sut d'abord que penser du succès de son voyage. Dans la crainte où il était qu'elle n'eût quelque chose de sinistre à lui annoncer, il n'avait pas la force d'ouvrir la bouche pour lui demander quelle nouvelle elle lui apportait. La bonne mère, qui n'avait jamais mis le pied dans le palais du sultan et qui n'avait pas la moindre connaissance de ce qui s'y pratiquait ordinairement, tira son fils de l'embarras où il était en lui lisant avec une grande naïveté : «Mon fils, j'ai vu le sultan et je suis bien persuadée qu'il m'a vue aussi. J'étais placée devant lui et personne ne l'empêchait de me voir ; mais il était si fort occupé par tous ceux qui parlaient à droite et à gauche qu'il me faisait compassion de voir la peine et la patience qu'il se donnait à les écouter. Cela a duré si longtemps qu'à la fin je crois qu?il s'est ennuyé car il s?est levé sans qu'on s'y attendît et il s'est retiré assez brusquement, sans vouloir entendre quantité d'autres personnes qui étaient en rang pour lui parIer à leur tour. Cela m'a fait cependant un grand plaisir. En effet, je commençais à perdre patience, et j'étais extrêmement fatiguée de demeurer debout si longtemps ; mais il n'y a rien de gâté : je ne manquerai pas d'y retourner demain ; le sultan ne sera peut-être pas si occupé.» (à suivre...)