Risques Un rejet du traité constitutionnel européen affaiblirait son autorité en France comme en Europe. Initiateur de ce référendum, Chirac, 72 ans, a jeté toutes ses forces dans la bataille pour convaincre les Français de voter oui, alors que les derniers sondages donnent tous le non gagnant. Il a exclu de démissionner si le non l'emportait, contrairement à ce qu'avait fait le général de Gaulle après le référendum perdu sur le Sénat et la régionalisation de 1969. Même si Chirac refuse de lier son sort au résultat du référendum, un non serait perçu comme un camouflet et un échec majeur dans une longue carrière politique fertile en rebondissements, et il pèserait lourd sur la fin de son quinquennat, prévue en 2007. Un rejet du texte l'atteindrait de plein fouet : selon un sondage, cette défaite l'«affaiblirait» aux yeux de 9 Français sur 10. Son épouse Bernadette a expliqué qu'un non «fragiliserait le chef de l'Etat dans les sommets internationaux». Sur le plan intérieur, il serait alors très difficile à Chirac de pouvoir, éventuellement, briguer un troisième mandat. Le président français et son entourage laissent planer le doute sur une telle possibilité, face aux ambitions présidentielles du chef de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Un non au référendum viendrait, en outre, s'ajouter pour le président français aux sévères défaites de la droite aux régionales et aux européennes en 2004. Déjà en 2002, Chirac n'avait dû sa réélection triomphale avec 82% des voix qu'à la mobilisation de l'électorat, notamment de gauche, qui voulait barrer la route au chef de l'extrême droite Jean-Marie Le Pen, arrivé en deuxième position au premier tour après avoir devancé le candidat socialiste Lionel Jospin. Durant la campagne, la cote de popularité de Chirac n'a cessé de chuter. Face à ce climat de mécontentement, accru par un fort sentiment d'anxiété sociale, Chirac a promis une «nouvelle impulsion» après le référendum, qui passera, très vraisemblablement, par un remaniement du gouvernement, dirigé par le très impopulaire Jean-Pierre Raffarin. Le ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin, un fidèle chiraquien, est considéré comme un des plus sérieux prétendants à la succession de Raffarin au cas où le président Chirac déciderait un tel changement.