Résumé de la 45e partie Le premier des 80 esclaves arriva à la porte de la première cour du palais. Les portiers le prirent pour un roi tant il était richement et magnifiquement habillé. Comme le sultan avait été averti de la marche et de l'arrivée de ces esclaves, il avait donné ses ordres pour les faire entrer. Ainsi, dès qu'ils se présentèrent, ils trouvèrent l?entrée du divan libre, et ils y entrèrent dans un bel ordre, une partie à droite, et l'autre à gauche. Après qu'ils furent tous entrés et qu'ils eurent formé un grand demi-cercle devant le trône du sultan, les esclaves noirs posèrent chacun le bassin qu'ils portaient sur le tapis de pied. Ils se prosternèrent tous ensemble en frappant du front le tapis. Les esclaves blancs firent la même chose en même temps. Ils se relevèrent tous ; et les noirs, en le faisant, découvrirent adroitement les bassins qui étaient devant eux, et tous demeurèrent debout, les mains croisées sur la poitrine, avec une grande modestie. La mère d'Aladdin, qui cependant s'était avancée jusqu'au pied du trône, dit au sultan, après s'être prosternée : «Sire, Aladdin mon fils n'ignore pas que ce présent qu'il envoie à Votre Majesté ne soit beaucoup au-dessous de ce que mérite la princesse Badroulboudour ; il espère néanmoins que Votre Majesté l'aura pour agréable, et qu'elle voudra bien le faire agréer aussi à la princesse, avec d?autant plus de confiance qu'il a tâché de se conformer à la condition qu'il lui a plu de lui imposer.» Le sultan n'était pas en état de faire attention au compliment de la mère d'Aladdin. Le premier coup d'?il jeté sur les quarante bassins d'or, pleins à comble des joyaux les plus brillants, les plus épatants, les plus précieux que l'on eût jamais vus au monde, et sur les quatre-vingts esclaves qui paraissaient autant de rois tant par leur bonne mine que par la richesse et la magnificence surprenante de leur habillement, l'avait tellement frappé qu?il ne pouvait revenir de son admiration. Au lieu de répondre au compliment de la mère d'Aladdin, il s'adressa au grand vizir, qui ne pouvait comprendre lui-même d'où une si grande profusion de richesses pouvait être venue. «Eh bien, vizir, dit-il publiquement, que pensez-vous de celui, quel qu'il puisse être, qui m'envoie un présent si riche et si extraordinaire, et que ni moi ni vous ne connaissons ? Le croyez-vous indigne d'épouser la princesse Badroulboudour, ma fille ?» Quelque jalousie et quelque douleur qu'eût le grand vizir de voir qu'un inconnu allait devenir le gendre du sultan préférablement à son fils, il n'osa néanmoins dissimuler son sentiment. Il était trop visible que le présent d'Aladdin était plus que suffisant pour mériter qu'il fût reçu dans une si haute alliance. Il répondit donc au sultan, et, en entrant dans son sentiment : « Sire, dit-il, bien loin d'avoir la pensée que celui qui fait à Votre Majesté un présent si digne d'elle soit indigne de l'honneur qu'elle veut lui faire, j'oserais dire qu'il mériterait davantage, si je n'étais persuadé qu'il n'y a pas de trésor au monde assez riche pour être mis dans la balance avec la princesse, fille de Votre Majesté.» (à suivre...)