Débat «Impôt sur la société», «moraliser les citoyens», «application stricte des lois» hier, les sénateurs ont resserré les rangs pour tenir le même langage autour d?un fléau aux conséquences gravissimes. Chasse aux sorcières ou opération mains propres ? Le débat entamé, hier, par les sénateurs lors de la déclaration de la politique générale du Gouvernement Ouyahia, à propos d?une maladie nommée corruption, plaidait plutôt en faveur d?une opération de contrôle et de gestion des affaires publiques avec des instruments juridiques, sociaux et économiques. Ouyahia était venu parler d?un «consensus national» autour d?une vraie relance économique, comme il l?avait fait quelques jours auparavant avec les parlementaires. Les sénateurs, tous bords et couleurs politiques confondus, ont évoqué, eux, un «consensus national» pour une lutte sans répit contre la corruption. La «dissection» de ce fléau, qui fait perdre annuellement à l?Etat 1 à 2% de son PIB, a ainsi occupé une place centrale dans le débat, hier, mercredi, au Conseil de la nation. En effet, l?écrasante majorité des sénateurs, plus d?une cinquantaine, a insisté sur la nécessité de mener une lutte sans merci contre le phénomène que d'aucuns estiment qu'«il s'est largement propagé dans le corps social». Pour un intervenant, la corruption n?est rien d?autre qu?un impôt sur la société «contre lequel la lutte permanente doit être inscrite dans l'action quotidienne de la justice, des partis politiques, de la société civile et des médias». Un autre intervenant a estimé que «la corruption, de par ses ramifications, a connu cette ampleur à cause de la bonne santé financière du pays enregistrée ces dernières années». A ce titre, il a proposé de «renforcer le contrôle à tous les niveaux des ressources financières du pays». Dans le même contexte, un autre sénateur a constaté que la corruption qu?il a qualifiée de «maladie chronique» a connu son apogée durant «les années où l'Etat était absent, c?est-à-dire la décennie du terrorisme». L?un des remèdes, selon lui, est de «programmer une campagne de sensibilisation autour du fléau aussi large que possible, à commencer par l'école, et de connaître les causes qui l'encouragent, comme la pauvreté, le chômage». «Moraliser la société» fut ensuite une des multiples recommandations prononcées. «Moraliser la société» est pour un autre orateur une manière «d'éviter que l'accès aux postes de responsabilités soit une source d'enrichissement» et ce par «l'application stricte et rigoureuse de la loi qui est au-dessus de tous». Mais la lutte contre la corruption, la criminalité et les autres formes de fléaux sociaux, si elle doit être menée sans relâche, comme le note un sénateur, elle doit l?être aussi, selon l?assistance, par les «moyens pacifiques». Autrement dit ?uvrer à «améliorer les conditions de vie des citoyens» et ?uvrer à «la mise en application du programme quinquennal d?appui à la relance économique et la prise en charge des difficultés et souffrances des citoyens».