Selon le chef de gouvernement, la mise en œuvre des réformes ne connaît pas de retard. Le chef du gouvernement semble avoir été quelque peu bousculé par les critiques des sénateurs, notamment certains appartenant au tiers présidentiel. M. Abdelaziz Belkhadem a utilisé des mots forts dans sa réponse, hier, aux questions soulevées durant les débats sur le programme du gouvernement. Ce sont de véritables mises au point qui ont été adressées au tiers présidentiel ; même le chef du gouvernement affirme ne pas viser spécialement ce groupe. Mais tout le monde l'aura compris, M. Abdelaziz Belkhadem a été profondément gêné par les remarques des sénateurs désignés par le président de la république. “Le programme qui vous a été soumis s'inspire du programme du président de la République”, précise d'emblée le chef du gouvernement. “Le gouvernement est mû par l'intérêt général et non comme le font certains qui ne voient l'intérêt national qu'à travers leurs intérêts personnels”, ajoute M. Abdelaziz Belkhadem. Comme pour fermer la parenthèse, le chef du gouvernement estime que “l'application du programme du gouvernement ne saurait être limitée à la seule volonté du gouvernement, mais nécessite le déploiement des efforts de tous pour la poursuite du processus de redressement national, entamé depuis 1999, qui vise la consolidation de la paix, de la sécurité et du développement durable à même de répondre aux besoins du citoyen”. M. Abdelaziz Belkhadem, comme pour répondre à ceux qui ont relevé le retard dans la mise en œuvre des réformes, affirme que les textes, dans leur grande majorité, régissant le secteur des finances ont été promulgués, invitant les sénateurs à lire le Journal officiel. Il évoque dans la foulée l'élargissement des prérogatives de l'inspection générale des finances (IGF) qui, aujourd'hui, est habilitée à intervenir même dans les entreprises publiques. Pour autant, souligne le chef du gouvernement, la lutte contre la corruption “nécessite l'effort de tout le monde. Et la loi a prévu des mécanismes pour que la société civile puisse jouer son rôle, tout en respectant la vie privée des personnes”. Toujours en matière de finances, M. Abdelaziz Belkhadem annonce l'étude en cours, par la banque d'Algérie, de trois dossiers de banques arabes proposant des produits bancaires islamiques. “Il faut être réaliste”, souligne le chef du gouvernement en parlant du secteur du tourisme, objet de plusieurs interventions de sénateurs. “Le tourisme, c'est d'abord une mentalité, une culture. Il ne se limite pas à la construction d'hôtels. Il ne suffit pas de dire que nous avons de belles plages, un immense désert…”, explique-t-il. Il annonce dans la foulée l'aménagement de 23 zones d'expansion touristique (ZET), qui viendront renforcer les 22 autres zones dont l'aménagement a déjà été entamé, afin d'augmenter l'offre du foncier touristique. “Tant que nous n'avons pas modernisé l'agriculture et l'industrie et développé le secteur des services, nous resterons dépendants des hydrocarbures”, regrette le chef du gouvernement. “Il faut construite une nouvelle économie”, insiste-t-il. Concernant l'habitat, le gouvernement affiche sa détermination a à éradiquer ”l'habitat précaire estimé à 450 000”. En évoquant les constructions illicites, le Chef du gouvernement souligne que “les lois sont claires et les textes réglementaires existent et seront scrupuleusement appliqués”. C'est aux autorités locales de jouer leur rôle. Sur un autre chapitre, M. Abdelaziz Belkhadem annonce la mise en place d'un projet de fichier national informatisé, en cours d'élaboration, pour les cartes grises, ainsi que la création d'un centre national de conception et de gestion de la carte d'identité nationale informatisée et non falsifiable. Un projet du décret exécutif relatif sera examiné prochainement en Conseil de gouvernement. Il est question aussi de passeport électronique non falsifiable répondant aux normes internationales. Dans une motion adoptée par la majorité écrasante, deux sénateurs du RCD ont voté contre, les membres du conseil ont exprimé leur satisfaction au sujet de l'exposé présenté par le chef du gouvernement sur le programme de l'Exécutif, relevant que celui-ci “traduit fidèlement la volonté du président de la République”. Les sénateurs reconnaissent à leur juste valeur les efforts de l'Etat en matière de soutien au pouvoir d'achat du citoyen, de réduction des tarifs d'électricité pour les habitants du sud. Ils reconnaissent aussi les efforts entrepris par le gouvernement, “économiques, sociaux et humains”, pour un développement durable. Pour autant, les sénateurs insistent sur la nécessité “d'une application rigoureuse du programme dans les délais fixés”. Meziane Rabhi