Résumé de la 1re partie Dominique C. comparaît, ce vendredi 25 septembre 1992, devant la cour d'assises de M. L'accusé est un homme d'une trentaine d'années, au crâne presque rasé et aux lunettes rondes cerclées de métal. Curieusement, alors qu'il ne nie pas le meurtre, Dominique n'accepte pas cette version des faits : «Je n'étais pas amoureux de Stéphanie. C'était elle qui s'était trop attachée à moi et cela ne faisait pas mon affaire !» La présidente ouvre son dossier. «Tout démontre le contraire. De votre prison, vous lui envoyiez deux lettres enflammées par jour. Sans compter la cassette où vous lui murmuriez sur fond de musique langoureuse : ?Je veux vivre avec toi. Pardonne-moi si je t'ai frappée.?» Dominique proteste. «J'ai dit : ?Pardonne-moi si j'ai gaffé.? ? Non. Vous avez bien dit ?frappée?. ? De toute façon, ce n'était pas elle qui voulait me quitter. C'était moi qui voulais partir...» La présidente n'insiste pas davantage. «Nous en arrivons à votre permission du 18 février 1991. Stéphanie avait, sans doute, l'intention d'avoir une explication avec vous, puisqu'elle avait envoyé son fils Thomas, âgé de deux ans, passer quelques jours chez ses grands-parents...» Là encore, Dominique nie l'intention qu'avait la jeune femme de rompre, et on en vient au drame lui-même. Invité par la présidente à raconter les faits, il s'exprime d'une manière détachée, impersonnelle. «Quand je suis arrivé chez elle, Stéphanie était en robe de chambre. Nous avons eu des rapports sexuels. Ensuite, elle a commencé à me questionner sur la mort de ma première femme. Elle m'a demandé ce que j'avais éprouvé quand je l'avais tuée et si cela avait été facile. Je n'ai pas répondu, mais elle insistait. ? Elle ne vous a pas dit qu'elle voulait vous quitter ? ? Non. Au contraire, elle m'a reproché de ne pas m'occuper assez d'elle. Elle ne voulait pas que je réintègre la maison d'arrêt. ? Que s'est-il passé ensuite ? ? Le 19 février, vers 14 heures, mon père est venu me chercher pour me ramener en prison. Je lui ai dit d'entrer, mais il n'a pas voulu. Il a crié à travers la porte : ?Je t'attends dans la voiture.? Stéphanie, elle, continuait de s'accrocher à moi en criant qu'il ne fallait pas que je retourne en prison. ?Vous êtes sûr qu'elle ne vous disait pas, au contraire, que c'était la dernière fois qu'elle vous voyait ? ? Pas du tout ! Pourquoi elle m'aurait dit ça ? Elle était amoureuse de moi. Elle m'a même mordu le doigt jusqu'au sang pour m'empêcher de partir. ? Alors, vous l'avez frappée à coups de couteau... ? Oui, pour me dégager. Elle me faisait mal. ? Puis, vous avez tenté de l'étrangler. ? Mais, en quittant la pièce, j'étais sûr qu'elle n'était pas morte... ? Il est alors 14 heures. Vous rentrez en prison. Et c'est vers 20h 30 que vous déclarez à un gardien : ?Je crois que j'ai fait une connerie...?» Car c'est ainsi ! Une fois son acte commis, Dominique ne songe pas à prendre la fuite. Il accepte de retourner sous les verrous et d'être à la merci de la justice. Et ce n'est que le soir qu'il prend conscience des faits, sous une forme, d'ailleurs, imprécise ? «je crois que...». De là à imaginer qu'il a agi dans un état de demi-conscience, il n'y a qu'un pas... Quoi qu'il en soit, depuis la prison, l'alerte est alors donnée. Stéphanie n'était, en effet, pas morte, mais le délai trop long qui a séparé l'agression et les secours lui sera fatal. Elle mourra une semaine plus tard à l'hôpital, sans avoir repris connaissance... (à suivre...)