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Histoires vraies
On ne refait pas deux fois les mêmes choses (3e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 17 - 06 - 2005

Résumé de la 2e partie Une fois son acte commis, Dominique ne songe pas à prendre la fuite. Il accepte de retourner sous les verrous et d'être à la merci de la justice.
Les débats se poursuivent. L'état mental de Dominique est visiblement au centre de l'affaire. L'attitude étrange de l'accusé dans le box, avec notamment ces sourires et ces rires hors de propos, qui sont toujours des symptômes inquiétants, l'état second dans lequel il semble avoir commis son crime : tout cela va-t-il le faire déclarer irresponsable par les psychiatres ? Leurs dépositions mettent plutôt mal à l'aise. Ils ont bien conscience d'être, avec Dominique, devant un cas limite.
«L'accusé est un psychotique normal», déclare le docteur S., formule étrange et, au premier abord, contradictoire. Et le docteur T. n'est pas plus net quand il évoque un «état limite de dépersonnalisation». Tous deux s'accordent, en revanche, sur le danger que représente Dominique et, dans les connaissances actuelles de la médecine, à le reconnaître responsable pénalement. Après leurs témoignages, on entend Clémentine, s?ur de l'accusé et meilleure amie de la victime, qui a vécu ce drame plus intensément que tout autre et qui a fait l'impossible pour l'éviter. Habillée simplement, visiblement très éprouvée, elle fait le terrible récit de ses appréhensions. ElIe avait tout pressenti, mais malheureusement, personne n'a voulu l'écouter. «J'ai su très vite que cela allait mal se terminer. Au début, Stéphanie était amoureuse de Dominique, mais elle a vite commencé à le trouver collant. Plus elle tentait de prendre de la distance, plus il la harcelait, comme il l'avait fait avec Noëlla. Et puis, Stéphanie m'a annoncé qu'elle allait rompre. Elle attendait la prochaine permission de Dominique pour le lui dire.
? C'était la permission prévue pour le 18 février 1991 ? demande la présidente.
? Oui. J'ai aussitôt foncé au centre de détention, pour leur demander de ne pas le laisser sortir ce jour-là. J'avais trop peur qu'il ne recommence à tuer.»
Effectivement, Clémentine a tout fait pour empêcher le drame. Elle a d'abord téléphoné à la prison, le 13 février, pour obtenir l'annulation de la permission. N'y étant pas parvenue, elle a demandé un jour de congé à son employeur, afin d'aller discuter sur place. Elle a rencontré l'assistante sociale et lui a fait part de ses craintes. La situation était exactement la même qu'avant le meurtre de Noëlla. Son frère était dans le même état, avec, notamment, ces sourires hors de propos qu'il avait alors, qui avaient disparu depuis et qui venaient juste de revenir. Mais l'assistante sociale a conclu : «On ne refait pas deux fois les mêmes choses.» Elle a ensuite fait part de la démarche de Clémentine au comité de cinq personnes chargé de décider des permissions. Le comité a opté pour un avis favorable à la permission...
Le lendemain, samedi 26 septembre, deuxième et dernière journée du procès, commencent les plaidoiries. L'avocat de la partie civile s'exprime. Il s'adresse directement à Dominique : «Stéphanie vous échappait, comme Noëlla vous avait échappé sept ans auparavant. Et cela, vous ne l'avez pas supporté. Parce que vous êtes un être violent et dangereux et que vous avez appris à tuer à la Légion, il ne reste plus rien aujourd'hui de votre victime. Plus rien que son fils, le petit Thomas, qui ne la reverra jamais. Vous avez fait de lui un orphelin et, quand il sera en âge de le comprendre, je souhaite que vous soyez, vous, encore en prison !»
Le second avocat, qui parle également pour la partie civile, est tout aussi ferme : «Dominique C. est un tueur. Ne lui laissez plus aucune possibilité de recommencer, un jour, à massacrer une jeune femme !»
Les réquisitions de l'avocat général sont celles qu'on attendait. Ne trouvant aucune circonstance atténuante à l'accusé, il demande contre lui le maximum, c'est-à-dire la perpétuité assortie de trente ans de période de sûreté : «N'oubliez pas que Dominique C. est un récidiviste. Avec lui, c'est l'amour ou la mort. Il faut empêcher qu'il bénéficie d'une permission de sortie. Je vous le demande pour protéger la société, pour la garantie de vos proches, de vos enfants...»
La défense n'a pas la partie belle et l'avocat, une femme, qui plaide la première, le reconnaît d'emblée. Mais elle choisit de se situer immédiatement sur le terrain psychiatrique : «Dominique, vous avez pu le constater, est à demi fou. Pourtant, on ne le soigne pas. Au lieu de placer cet infirme mental dans un hôpital psychiatrique, on vous demande de le jeter en prison pour la vie. Mais à quoi cela servirait-il ?» Le bâtonnier parle ensuite. Il avait déjà assuré la défense de Dominique lors du premier procès. Il choisit, lui, de plaider le crime passionnel : «Vous avez devant vous un homme qui parait rude, mais qui a le c?ur tendre. Il a aimé. Il a été aimé et, ainsi qu'il a été dit dans l'Evangile, il devra lui être un peu pardonné.»
Il faudra à peine plus d'une heure aux jurés pour parvenir à leur décision. Ils condamnent Dominique à la réclusion à vie, assortie d'une peine de sûreté de vingt ans. Il n'a aucune réaction à l'énoncé du verdict.


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