Patrimoine Beaucoup de parures maghrébines traditionnelles comportent des coquillages. Cet usage semble remonter à la préhistoire ainsi que le montrent la plupart des sites. Les coquillages, qui étaient une source d?alimentation, servaient d?ustensiles (du moins les plus grands) ; d?autres, ainsi que le laissent supposer les trous pratiqués à leur extrémité, devaient entrer dans la composition des parures. On utilise, depuis la préhistoire aussi, toutes sortes de coquillages : murex, pourpres, columbelles, cônes, mais certains semblent jouir de plus de faveurs. C?est le cas du cauris, un coquillage qui appartient à la famille des porcelaines, connu aussi pour avoir servi de monnaie d?échanges dans certaines régions du monde, comme l?Afrique et l?Asie. Au Maghreb, il est, depuis la préhistoire, non seulement un objet entrant dans la parure des Maghrébins mais, plus encore, il constitue un objet de protection ? talisman ou amulette ? destiné à préserver du mauvais ?il et des maléfices. Les cauris ainsi que les cyprées ? mollusques à coquille vernissée ? avaient déjà une grande notoriété : on est arrivé, avec l?épuisement des ressources, à en fabriquer en faïence. Des imitations de ce genre ont été retrouvées notamment chez les Carthaginois. Aujourd?hui, les cauris et les cyprées sont portés en collier ou alors cousus sur les vêtements et les coiffures, notamment des jeunes enfants, particulièrement vulnérables au mauvais ?il et aux maléfices. Certains auteurs ont cru voir, dans le cauris, un symbole sexuel à cause de sa forme qui ressemble à la vulve, mais ce symbolisme n?est pas cité par les utilisateurs qui voient seulement dans le coquillage un élément de protection. L?idée de protection n?est pas toujours évidente, surtout quand le cauris entre dans une parure : c?est le cas des petits cordons, munis de ces coquillages et terminant les tresses des jeunes filles : mais l?idée de protection est toujours sous-jacente et les personnes qui les portent le reconnaissent. Ce n?est pas de la magie, disent généralement les personnes qu?on interroge, ce sont seulement des objets protecteurs.